La maigre récolte estivale inquiète Universal

Land of the Lost, une adaptation fantaisiste du roman de Conan Doyle avec Will Ferrell, a coûté 100 millions de dollars et n’a amassé que 50 millions eb recettes.
Photo: Land of the Lost, une adaptation fantaisiste du roman de Conan Doyle avec Will Ferrell, a coûté 100 millions de dollars et n’a amassé que 50 millions eb recettes.

Rude été pour certains grands studios d'Hollywood. Certains s'en tirent avec les honneurs, comme Disney avec son Pixar, Là-haut, ou la Warner avec le triomphe inattendu de The Hangover, comédie bien foutue et au budget modeste. En revanche, pour Universal, le plantage a été presque complet dans son secteur de prédilection, la comédie. À commencer par le bide catastrophique de Land of the Lost, comédie de Brad Silberling, réalisateur connu pour son poussif long métrage au titre programmatique, Lemony Snicket's a Series of Unfortunate Events, en 2004.

Land of the Lost est une adaptation fantaisiste du roman de Conan Doyle où il s'agit de suivre les aventures d'un paléontologue tocard (Will Ferrell) entraîné avec son guide dans les entrailles de la Terre, où il croise le chemin de divers dinosaures. L'affaire, qui a coûté 100 millions de dollars au studio, s'est finalement traduite par des recettes en dessous de 50 millions, ce qui a toutes les caractéristiques d'une catastrophe industrielle. Et il est d'ores et déjà admis que les recettes à l'international ne pourront en aucun cas atténuer les dégâts.

Ce n'est pas tout. Pendant que l'autre grosse sortie estivale de Universal, Public Enemies de Michael Mann, remplissait son cahier des charges, une autre comédie maison, Funny People, se ramassait elle aussi. Et cette fois, c'est grave, car Judd Apatow, le réalisateur, avait fini par être considéré — à juste titre — comme la poule aux oeufs d'or de la maison, avec les succès extravagants de, entre autres, The 40 Year Old Virgin ou Knocked Up. Or, son Funny People, épopée d'un comédien de stand-up (Adam Sandler) qui apprend qu'il ne lui reste plus qu'un an à vivre, est au point mort. Après un beau démarrage, le film, dont le budget avoisine les 70 millions, n'en a rapporté que 50 sur le territoire américain. Pourtant, la production n'avait pas mégoté, réunissant, outre Adam Sandler, la vedette montante de la comédie «geek», Seth Rogen, ainsi qu'Eric Bana.

Les patrons sur la corde raide

Inutile de souligner que l'ambiance chez Universal n'est plus à la franche rigolade. D'autant qu'une autre comédie à 100 millions de dollars est en préparation pour la période de Noël, et qu'un nouvel échec signerait probablement l'arrêt de mort des deux patrons du studio, Marc Shmuger et David Linde. À mots couverts, ceux-ci l'ont d'ailleurs presque admis dans une entrevue en forme de mea culpa en règle, accordée la semaine dernière au Los Angeles Times. Une initiative très inhabituelle dans un milieu où la règle d'or consiste justement à ne jamais admettre ses erreurs et où toute communication dans les moments de crise se verrouille à double tour. Les grands patrons y disent que le studio a dépensé beaucoup trop d'argent cette année et qu'il est important de revenir à des formules qui ont jadis fait leur force, à savoir la comédie à petit budget, mais à gros potentiel.

D'ici la date fatidique de Noël, Universal a déjà décidé de repousser les sorties de deux grosses productions maison, The Wolf Man (avec Benicio Del Toro) et Green Zone, de Paul Greengrass, sur la guerre en Irak. Tout repose donc sur les épaules de la fameuse comédie à 100 millions mettant en vedette Meryl Streep et signée Nancy Meyers. Le titre? It's Complicated. On n'aurait pas trouvé mieux.

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