Tournages au Québec - Québec propose une contre-offensive

Le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ) a mené une contre-offensive au Festival de Cannes auprès des producteurs européens pour compenser les pertes subies cette année par l'industrie québécoise du film, durement touchés par la grève des scénaristes et la menace de grève des acteurs américains.

Joint par Le Devoir, Hans Fraikin, commissaire national du BCTQ, a soutenu hier que de multiples rencontres ont été organisées à Cannes ces dernières semaines pour diversifier le marché et tenter de contrecarrer la disette qu'engendre le ralentissement des productions américaines dans le milieu du cinéma québécois.

«On essaie d'attirer des projets européens pour compenser les pertes dues à la grève des scénaristes et par cette nouvelle grève potentielle des acteurs. Il y a aussi plusieurs États américains qui ont récemment instauré de super crédits d'impôt pour s'attirer des tournages, alors plusieurs circonstances concourent pour ralentir le marché nord-américain», soutient-il.

La semaine dernière, Le Devoir rendait compte de la situation difficile vécue par l'industrie du cinéma, compte tenu de l'absence de tournages américains en vue pour l'été. Et cela, en raison de négociations ardues entreprises entre les principaux syndicats d'acteurs et les producteurs d'Hollywood. Tous les tournages majeurs ont été reportés ou annulés, compte tenu de la possibilité qu'un arrêt de travail soit déclenché dès le 30 juin.

«En ce moment, ça ne tourne nulle part. C'est même pas mal tranquille à Vancouver», a confirmé M. Fraikin, qui préside aussi le caucus canadien de l'Association internationale des commissaires de film.

En conséquence, le BCTQ a mis les bouchées doubles à Cannes pour faire valoir le Québec comme lieu de tournage et en revient avec une douzaine de propositions de productions et de coproductions «assez intéressées», dont une demi-douzaine «très sérieuses», a indiqué M. Fraikin.

Évidemment, tous ces projets peuvent mettre du temps à se réaliser, compte tenu du délai nécessaire pour amasser le financement nécessaire à de telles productions.

Concurrence féroce

En plus des conflits de travail qui se multiplient, le Québec fait par ailleurs face à la concurrence féroce de certains États américains dont ceux de New-York et du Michigan, qui viennent d'instaurer des crédits d'impôt «all-stand» de 30 et 40 %, soit toutes dépenses comprises, aux productions cinématographiques. Les crédits d'impôt québécois, qui s'élèvent à 25 %, ne visent que les dépenses liées à la main-d'oeuvre. «Ça joue extrêmement dur à ce niveau, mais je ne crois pas que ça soit la seule solution. À terme, ça finit par coûter plus cher que les retombées économiques que ça génère», croit-il.

Le BCTQ opte plutôt pour une diversification du marché, en lorgnant les producteurs européens pour qui les lieux de tournage et de production populaires, comme Prague, Sofia ou Budapest, sont maintenant devenus plus chers que le Québec, ou dans les deux derniers cas, dépourvus d'une main-d'oeuvre aussi qualifiée.

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