Cinéma - Away from Her et Eastern Promises dominent les 28es Génie

Il aura été dit que les Québécois ne pouvaient faire éternellement l'affront aux anglophones de remporter d'un cru à l'autre les meilleurs prix Génie, à la gloire du cinéma canadien. Hier, coup de riposte; ce sont deux films de cinéastes torontois qui ont récolté dans leur Ville reine, au Convention Centre, sept statuettes chacun.
Away from Her, premier long métrage de Sarah Polley, abordant la maladie d'Alzheimer, a remporté les Génie du meilleur film, de la meilleure réalisation, du meilleur scénario adapté, et le prix Claude-Jutra pour la meilleure première oeuvre. Ses acteurs ont triomphé: meilleure interprétation féminine dans un premier rôle à Julie Christie et dans un rôle de soutien à Kristen Thompson. Meilleure interprétation masculine à Gordon Pinsent, coiffant au poteau Viggo Mortensen pour Eastern Promises, Roy Dupuis pour Shake Hands with the Devil et Marc Labrèche pour L'Âge des ténèbres.Eastern Promises (Promesse de l'ombre), sanglante et brillante incursion dans l'univers de la mafia russe à Londres, de David Cronenberg, fit concurrence à Away from Her au sommet, mais un cran plus bas: meilleures images, meilleur montage, meilleure musique originale, meilleur scénario original, meilleure interprétation masculine dans un rôle de soutien à Armin Mueller-Stahl, meilleur son d'ensemble, meilleur montage sonore.
Shake Hands with the Devil de Roger Spottiswoode, avec génocide rwandais en arrière-scène, un des grands favoris de la course (12 nominations), dut se contenter de la statuette de la meilleure chanson originale. Silk de François Girard, incursion esthétique sur la route de la soie, cinq fois nommé, repart avec le prix des meilleurs costumes, Fido d'Andrew Currie avec celui de la meilleure direction artistique.
Il ne restait pas grand-chose à grappiller pour les autres. Rien à vrai dire pour L'Âge des ténèbres de Denys Arcand, en nomination dans quatre catégories, ni pour Continental, un film sans fusil de Stéphane Lafleur (cinq fois nommé). Les 3 P'tits Cochons, Bluff, Nitro, Toi, Surviving my Mother et compagnie sont restés également sur la touche.
Dans les autres catégories, Gary Burns a remporté le Génie du meilleur documentaire pour Radiant City, oeuvre sur l'étalement urbain.
Alexis Fortier Gauthier et Élaine Hébert sauvaient un peu l'honneur du Québec en récoltant le Génie du meilleur court métrage dramatique, et Maciek Szczerbowski et Chris Lavis celui du meilleur court métrage d'animation pour Madame Tutli-Putli.
Le délicieux Juno de Jason Reintman, lauréat à Hollywood de l'Oscar du meilleur scénario, n'avait pas été soumis par son producteur aux prix Génie, d'où son absence.
Si souvent le Gala des Génie ressemble à une répétition pour les Jutra québécois, cette année rien de tel. Nos cinéastes ont récolté si peu à Toronto, que la cérémonie montréalaise gagne tout son sens, mais s'offre aussi une portée purement provinciale.