Drames sous le pain de sucre

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La Cité des hommes
Réalisation: Paulo Morelli. Scénario: Elena Soarez, d'après une histoire de Paulo Morelli et Elena Soarez. Avec Douglas Silva, Darlan Chunha, Jonathan Haagensen, Rodrigo Dos Santos, Camila Monteiro. Image: Adriano Goldman. Musique: Antonio Pinto. Montage: Daniel Rezende. 110 min.
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La Cité des hommes est à ce point conçu pour reproduire le succès de La Cité de Dieu, le film réalisé par Fernando Meirelles en 2002, sanglante et remarquable incursion dans les favellas de Rio de Janeiro, qu'il dessert sa cause. Avec les mêmes producteurs, dirigé par Paulo Morelli, un collaborateur de Meirelles, le film met également en scène des jeunes gens, otages de guerres de clans, dans un monde gangrené par le crime.

Ce film aborde toutefois les destins de ses héros de manière plus intime que le précédent. La paternité, l'amour, un futur à inventer sont les thèmes au coeur de La Cité des hommes. Au premier plan, sur une colline de misère, de violence et de surpopulation: deux adolescents ayant poussé sans père. Ace (Douglas Silva), 18 ans, est lui-même déjà père d'un enfant de deux ans, qu'il a du mal à élever. Wallace (Darlan Cunha), son meilleur copain, cherche son propre père et le découvre au sortir de la prison. Des secrets seront révélés, des cycles de violence enrayés.

L'amitié, la quête des racines, la vie dans une communauté d'une violence extrême, l'amour, la mort au détour d'un escalier, d'une ruelle; tout y est, mais La Cité des hommes ne possède pas la puissance incandescente de La Cité de Dieu, ce qui n'en fait pas un mauvais film pour autant. Les personnages sont toutefois moins attachants que dans l'oeuvre de Meirelles, et il manque une unité supérieure pour conférer une vraie cohérence au film. Une certaine joliesse, dans les scènes de jeu à l'ombre du pain de sucre, dans les scènes d'amour aussi, font osciller La Cité des hommes entre une certaine facilité dans la sphère intime et la force des grandes scènes de batailles urbaines.

Darlan Cunha est meilleur acteur que son comparse Douglas Silva; ce qui fait boiter les niveaux d'interprétation. Les amis se retrouvent dans des clans rivaux, tels Roméo et Juliette, alors que la colline s'embrase et compte ses morts. Les enjeux sont graves, la morale gentillette, mais la caméra est belle et l'atmosphère de fin du monde des favellas est bien rendue , malgré un montage parfois artificiel.

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