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Adagio pour un gars de bicycle
Réalisation: Pascale Ferland. Images: François Vincelette, Jean-Pierre St-Louis, Luc St-Louis. Musique: André Ristic. Documentaire. Montage: René Roberge. 91 min.
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Ce très touchant documentaire fera davantage pour la mémoire du défunt cinéaste René Bail que bien des thèses. Et même que le film du pionnier Les Désoeuvrés, oeuvre de jeunesse terminée et relancée en 2007, quelques mois avant la mort de l'auteur, un peu dans l'indifférence générale.

René Bail nous est rendu à travers des images d'archives, de beaux extraits de ses films, où la poésie et l'amour de la nature éclairent la pellicule. Il avait mis en scène à la fin des années 50, avec des habitants de Pine Hill, ces Désoeuvrés (post-synchronisé en joual), film qui préfigurait l'aventure du cinéma direct et la Révolution tranquille, avec cette histoire d'une jeunesse balançant entre hier et demain.

Les dimensions humaine et artistique se confondent dans le documentaire de Pascale Ferland (L'Arbre aux branches coupées), en couleurs et en noir et blanc, par l'entremise de photos, de films, d'entrevues, etc. Le parcours d'une vie, l'enfance à l'ombre d'une mère trop présente, la passion pour la caméra, la moto, le désir de s'affranchir d'un milieu bourgeois, puis l'accident, le choc, la difficile reconquête de soi-même, mais aussi l'influence artistique que Bail eut sur des cinéastes de premier plan: Carle, Jutra, Lefebvre, Labrecque, etc. On découvre le rayonnement d'une carrière aussi confidentielle que marquante pour le 7e art québécois.

Adagio pour un gars de bicycle est réalisé avec amour; cela peut sembler cliché mais colore vraiment ce documentaire-hommage. Pascale Ferland s'était liée d'amitié avec le vieux cinéaste, d'où ces poignantes confidences. René Bail est resté défiguré et handicapé après un grave accident de moto, à l'âge de 40 ans; il livre ici des réflexions capitales sur son apparence, la mort, la vie, le suicide des autres. Par-delà le destin (fractionné par l'accident) d'un créateur, c'est l'existence avec un handicap sévère qui éclate ici, le courage d'un homme, mais aussi sa vie intérieure, son amour des livres et de la musique, qui l'ont aidé à survivre. Il y a tout ça dans Adagio pour un gars de bicycle, plus une tendresse supérieure transmise au spectateur, par-delà cet émouvant portrait d'artiste.