Le complot du plumeau

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Mad Money
(v.f.: Folles du cash)
Réalisation: Callie Khouri. Scénario: Glenn Gers. Avec Diane Keaton, Queen Latifah, Katie Holmes, Ted Danson. Image: John Bailey. Montage: Wendy Greene Bricmont. Musique: James Newton Howard. États-Unis, 2008. 98 min.
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Les débuts foudroyants créent souvent des attentes démesurées. Quand un premier scénario s'intitule Thelma & Louise et que le chauffeur de cette spectaculaire aventure a pour nom Ridley Scott, sentir Hollywood à ses pieds doit donner un curieux vertige. C'est sans doute le sentiment qu'a éprouvé Callie Khouri, démarrant sa carrière à 200 km/h.
Évoquer Las Vegas n'est pas fortuit dans la mesure où Mad Money tend à vouloir reproduire les recettes payantes d'Ocean's 11, le remake très sexy signé Steven Soderbergh. Malheureusement, même si les trois héroïnes ne manquent ni de charme ni d'humour, peu de choses pétillent dans cette histoire de cambriolage sophistiqué où les hommes jouent un rôle accessoire, se contentant de voir valser les billets. Dans des environnements d'une pâleur maladive et filmés avec un oeil aussi imaginatif qu'une caméra de surveillance, les aventures de ce trio supposément infernal amusent parfois, surprennent rarement.
Nous compatissons d'abord aux malheurs de Bridget (Diane Keaton, qui joue dans le même film depuis plus d'une décennie), une bonne bourgeoise qui, devant son mari réduit au chômage (Ted Danson), doit faire semblant d'être riche et accepter un boulot de femme de ménage à la Réserve fédérale américaine. Découvrant avec horreur que l'on détruit les billets de banque usés, elle développe un autre mode de recyclage avec l'aide de deux collègues: Nina (Queen Latifah, la rappeuse insolente semble endormie), une mère célibataire qui rêve d'une meilleure école et d'un quartier plus paisible pour ses deux garçons, et Jackie (Katie Holmes, mignonne, sans plus), une petite écervelée constamment rivée à son baladeur. Derrière leurs plumeaux, et leurs airs candides, elle subtilisent de grosses sommes d'argent qui, selon leur devise, n'achètent pas le bonheur... mais tout le reste. Cette opération se prolonge avec succès mais, vous connaissez les nouveaux riches: ils en mettent plein la vue et leur mauvais goût finit toujours par les trahir...
S'il faut absolument trouver un caractère symbolique à Mad Money, les plus téméraires diront qu'il s'agit de la douce révolte de la classe moyenne devant un État qui protège davantage les crapules cravatées que les honnêtes travailleurs. Ces trois femmes décident de prendre un chemin de traverse, certaines pour de nobles ambitions et d'autres sans autre horizon que celui de leur carte de crédit. Autant dire que ces cambrioleuses vident peut-être une banque prestigieuse mais, à l'image de ce film, elles ne cassent jamais la baraque.
Collaborateur du Devoir