Cinéma américain - Pour se mettre en appétit...

Films Séville
Une scène de Funny Games, de l’Autrichien Michael Haneke.
Photo: Films Séville Une scène de Funny Games, de l’Autrichien Michael Haneke.

«Mon but premier, c'est que les gens viennent s'asseoir devant mon film et ne meurent pas d'ennui, qu'ils ne sentent pas que j'insulte leur intelligence, enfin qu'ils soient à même de sympathiser avec mes deux personnages, deux garçons très bien dont le destin bascule vers la tragédie après qu'ils ont accepté un "deal" tordu.» C'est en ces mots que Woody Allen défendait sa démarche et son dernier opus, Cassandra's Dreams, au dernier Festival international de Toronto.

Cette très agréable comédie noire, campée à Londres et mettant en vedette Ewan McGregor et Colin Farrell, amorce de belle façon, dès la semaine prochaine, la saison cinématographique printemps-hiver. Parmi la centaine de films qui se bousculeront d'ici la Saint-Jean, je n'ai retenu que les 25 plus appétissants:

Untraceable (25 janvier). Une agente de la division cybercrimes du FBI (Diane Lane) tente de stopper un tueur qui orchestre ses mises à mort en direct dans Internet. Gregory Hoblit (Fracture) tire les ficelles du jeu.

In Bruges (8 février). Deux tueurs à gages terrés à Bruges (Colin Farrell et Brendan Gleeson) se remettent en question au contact des habitants de la cité belge dans ce thriller comique de l'Anglais Martin McDonagh, oscarisé en 2006 pour son court métrage Six Shooter.

Jumper (14 février). Fox mettra la gomme pour promouvoir cette méga-production tirée du roman de Steven Gould sur les voyages dans le temps avec Hayden Christensen enjambant les siècles et Doug Liman (The Bourne Identity) dirigeant le trafic.

The Spiderwick Chronicles (15 février). Mark Waters (Et si c'était vrai?) sonne l'heure de la relâche scolaire avec cette fantaisie tirée d'une série jeunesse à succès dans laquelle des jumeaux (joués par Freddie Highmore, le petit de Finding Neverland) et leur petite soeur basculent dans un univers parallèle enchanté.

Charlie Bartlett (22 février). De l'enfance on passe à l'adolescence avec cette comédie pas piquée des vers sur un élève de high school mal dans sa peau qui ventile en jouant les psys auprès de ses camarades, à qui il distribue des fausses ordonnances à la pelle. Le buzz est, paraît-il, très bon.

The Other Boleyn Girl (29 février). Près de 40 ans après que notre Geneviève Bujold se fut distinguée dans le rôle d'Anne Boleyn (dans Anne des mille jours), Peter Morgan (scénariste de The Queen) confie le rôle à Natalie Portman dans ce film centré sur la rivalité de la future épouse d'Henry VIII avec sa soeur Mary (Scarlett Johansson), que ce dernier, semble-t-il, préférait. Vrai? Faux? Historiens, à vous de trancher.

Vantage Point (29 février). Après Death of a President, succès de scandale de 2006, voici une fiction assumée racontant l'assassinat du président des États-Unis (William Hurt) sous huit angles de vue différents. Dennis Quaid, Matthew Fox, Forest Whitaker et Sigourney Weaver font ce qu'il faut sous la direction d'un nouveau venu issu de la télé, Pete Travis.

Bonneville (29 février). Une attrayante distribution d'hier (Jessica Lange, Kathy Bates, Joan Allen) domine ce road-movie sur le veuvage et le ressentiment.

Paranoid Park (29 février). Le grand Gus Van Sant (Good Will Hunting, Elephant) nous fait dévaler une nouvelle spirale émotionnelle dans cette étude sur un adolescent féru de skateboard qui causera accidentellement la mort d'un gardien de sécurité.

10,000 B.C. (7 mars). C'est l'histoire d'un chasseur de mammouths du temps de la guerre du feu dont l'emploi du temps est aussi chargé que ceux de Jack Bauer et Jason Bourne. Y a que le roi de la cata Roland Emmerich (Independance Day, The Day After Tomorrow) pour imaginer ça.

Accidental Husband (7 mars). Un homme (Jeffrey Dean Morgan) promet un chien de sa chienne à l'animatrice de radio (Uma Thurman) qui a conseillé à sa blonde de le quitter. On devine qu'ils finiront ensemble, mais comme c'est Griffin Dunne (Addicted to Love) qui met tout ça en scène, donnons sa chance au coureur.

Pride and Glory (14 mars). Dans la continuité de We Own the Night, récent opus de James Gray, Gavin O'Connor signe un drame policier sur la corruption au sein des forces de police, avec deux beaux-frères (Edward Norton et Colin Farrell) disposés de chaque côté de la frontière du bon droit.

Funny Games (14 mars). L'Autrichien Michael Haneke (Caché) s'est exilé aux États-Unis le temps de réaliser lui-même ce remake de son film-choc sur la culture de la violence en Occident. Naomi Watts et Tim Roth y jouent un couple séquestré avec enfant dans son chalet par deux tueurs en série.

Drillbit Taylor (21 mars). Owen Wilson (The Royal Tenenbaums, Darjeeling Limited) campe un garde du corps incompétent chargé de veiller au bien-être de deux adolescents surtaxés dans cette comédie amorcée par John Hugues (The Breakfast Club) et menée à terme par l'équipe de Judd Apatow (Knocked Up).

Stop Loss (28 mars). Huit ans après Boys Don't Cry, Kimberly Peirce remonte enfin en selle pour réaliser ce drame social sur un jeune soldat texan (Ryan Phillippe) qui, de retour d'Irak, défie l'armée qui veut le forcer à y retourner. Sur le front américain, c'est LE film politique de l'hiver.

21 (28 mars). Un prof de mathématiques du Massachussets Institute of Technology (Kevin Spacey, enfin de retour) forme six de ses étudiants au comptage des cartes avant de les envoyer dévaliser «légalement» les casinos de Las Vegas. Ce film-fantasme tiré d'une histoire vraie est signé Robert Luketic (Legally Blonde, Monster-In-Law).

Leatherheads (4 avril). On attendait pour Noël ce nouvel opus de George Clooney (après Good Night, and Good Luck), voilà qu'on l'a repoussé en avril. Pour le meilleur, ou parce que c'est mauvais? Écrite avec Steven Soderbergh, cette comédie romantique a pour théâtre un stade de football, en 1920, et pour héros le nouveau coach d'un club, qui s'éprend de la fiancée (Renée Zellweger) du propriétaire dudit club (Clooney).

Shine a Light (4 avril). Trente ans après The Last Waltz (sur The Band) et trois ans après No Direction Home (sur Bob Dylan), le géant Martin Scorsese remonte la route des souvenirs des Rolling Stones à la faveur de leur récent Big Bang Tour.

The Brothers Bloom (11 avril). L'indépendant Rian Johnson (Brick) passe dans les ligues majeures avec cette comédie sur deux escrocs (Adrien Brody et Mark Ruffalo) spécialisés dans le plumage de milliardaires. Leur nouvelle victime (Rachel Weisz) leur donnera du fil à retordre. Le rare Maximilian Schell est de la partie, de même que la jeune Rinko Kikuchi, découverte dans Babel.

Iron Man (2 mai). Après Spider Man, Fantastic Four et autres Superman, nous v'là r'partis pour une nouvelle série biennale et infantilisante inspirée d'une bédé. L'intérêt de celle-ci tient à sa distribution: Robert Downey Jr., Gwyneth Paltrow, Jeff Bridges, Terrence Howard.

Speed Racer (9 mai). Les frères Wachowski (Matrix) donnent dans le divertissement tous publics avec cette histoire de course automobile campée dans un futur indéfini, avec Emile Hirsch (Into the Wild) contraint de sauver l'honneur familial. Matthew Fox campe son rival.

Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull (23 mai). De loin le plat le mieux réchauffé de la saison, cette quatrième aventure de l'archéologue «erpetophobe» réunit Harrison Ford (toujours dans le rôle-titre à 66 ans) et Steven Spielberg (à la barre), 27 ans après la première. La sublime Cate Blanchett lui fera-t-elle sortir son fouet?

The Incredible Hulk (13 juin). Cinq ans exactement après l'excellent et très mal reçu film d'Ang Lee sur le même sujet, le Français Louis Leterrier (The Transporter) prend le relais et fait plonger le surdoué Edward Norton dans la peau du géant vert créé par Stan Lee et Jack Kirby. Liv Tyler, Tim Roth et William Hurt frissonnent avec lui.

The Happening (13 juin). Les deux derniers canulars de M. Night Shyamalan (The Village et Lady in the Water) montraient quelques signes de faiblesse. Espérons que celui-ci, centré sur la fuite en avant d'une famille sur fond de catastrophe écologique, le remettra dans le droit chemin de The Sixth Sense et Unbreakable.

Collaborateur du Devoir

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