Cinéma québécois - Spleen de jeunesse
Avec une cuvée très éclectique, le cinéma québécois des prochains mois a le mérite de s'éclater à travers les genres. Bien sûr, certains films créent plus d'attentes que d'autres. Léa Pool (avec Maman est chez le coiffeur) et Charles Binamé (Le Piège américain) lancent de nouveaux longs métrages. On surveillera avec grand intérêt Ce qu'il faut pour vivre, de Benoit Pilon, sur un scénario de Bernard Émond.
Mais les surprises viendront peut-être d'ailleurs. Chose certaine, du côté des thèmes, la jeunesse et ses émois seront aux premières loges sur les écrans du printemps.En 2000, le roman grinçant Borderline de Marie-Sissi Labrèche, sur l'enfance qui crée des monstres, avait été fort remarqué et traduit en plusieurs langues. Deux ans plus tard, la romancière remettait ça avec La Brèche, histoire rageuse d'une femme demeurée en panne d'affection enfantine. Les deux livres mariés seront portés à l'écran par Lyne Charlebois. Place à l'histoire d'une femme blessée qui, à 30 ans, se réconcilie avec elle-même en replongeant dans son passé. En vedette: Isabelle Blais, Jean-Hugues Anglade, Angèle Coutu, Sylvie Drapeau et d'autres. (8 février)
Le drame des jeunes Québécois suicidaires s'exprime dans Tout est parfait, d'Yves-Christian Fournier, sur un scénario de Guillaume Vigneault. Voici le portrait d'une bande de jeunes ayant passé un pacte de suicide et d'un survivant, troublé, vulnérable, incarné par Maxime Dumontier. (15 février)
Une fiction animalière québécoise se propose de séduire tous les publics au cours du congé scolaire. La Rivière aux Castors, de Philippe Calderon, donne la vedette à nul autre que le symbole canadien aux dents aiguisées et à la queue plate. Après la destruction d'un barrage, un petit castor est emporté par la rivière. L'histoire, tournée dans la région du Lac-Saint-Jean, s'ouvre sur un décor splendide et sur la faune de la forêt boréale. (22 février)
Louis Choquette, sur un scénario de Michelle Allen, explore dans La Ligne brisée les thèmes de l'amitié et de l'ambition sur fond de boxe. Car les deux jeunes héros (David Boutin et Guillaume Lemay-Thivierge) se mesureront tout en affrontant les démons du passé qui les assaillent. (7 mars)
La vie du criminel Lucien Rivard renaît sous la caméra de Charles Binamé (Séraphin, Maurice Richard), qui porte à l'écran, dans Le Piège américain, le destin de cet homme. Ce destin se mêle aux soubresauts de la Grande Histoire: l'assassinat de JFK, la guerre froide, les folles nuits de La Havane, contrôlée par la mafia américaine, etc. (16 mai)
Un nouveau film de Léa Pool, sur un scénario d'Isabelle Hébert, atterrira sur nos écrans au printemps. Maman est chez le coiffeur montre le parcours initiatique d'une jeune fille déstabilisée par le départ précipité de sa mère pour Londres et qui doit tenir les rênes du foyer. Elle découvre les responsabilités, le sexe, les mensonges et la vérité des êtres. Avec Marianne Fortier, Élie Dupuis, Benoit Paquin, Laurent Lucas, Céline Bonnier, Gabriel Arcand, Maxime Desjardins-Tremblay, etc.
Kim Nguyen, qui nous a déjà offert le fascinant Marais, creuse encore la veine fantastique avec Truffe, comédie noire qui se penche sur des effets étranges du réchauffement climatique, en plein quartier Hochelaga-Maisonneuve, où poussent désormais... des truffes noires. Celles-ci attisent la convoitise de tous. Avec Roy Dupuis, Céline Bonnier, Jean-Nicolas Verreault, Danielle Proulx, Michelle Richard, Jean Lapointe, etc. (4 avril)
Suivre Catherine, de Jeanne Crépeau, dans un journal vidéo ludique, entremêle fiction, animation et documentaire. On y suit le parcours stupéfié ou amusé d'une Québécoise à Paris. (Mars ou avril)
Le 18 avril, les fans de Dans une galaxie près de chez vous s'enfileront le second volet des aventures intergalactiques en comédie, avec l'équipage du capitaine Patenaude. Philippe Gagnon réunit encore Guy Jodoin, Claude Legault et Sylvie Moreau.
Adam's Wall, de Michael Mackenzie, érige un pont entre deux cultures à travers l'histoire d'amour d'un adolescent juif (Jesse Aaron Dwyre) et d'une jeune fille d'origine libanaise (Flavia Bechara), qui doivent affronter leurs familles récalcitrantes et des amours parallèles. Le film met également en scène Paul Ahmarani, Maxim Roy et Anne Pritchard. (Au printemps)
Dans la veine comique: Cruising Bar 2, de Robert Ménard et Michel Côté, redonne la vedette au héros dragueur, quinze ans après le premier volet et quelques rides en plus. Incarnant de nouveau tous les rôles, Michel Côté offre à ses personnages tantôt la rédemption, tantôt le naufrage. (27 juin)
Il faudra attendre l'été pour voir sur les écrans québécois (mais peut-être sera-t-il retenu à Cannes?) Ce qu'il faut pour vivre, long métrage de fiction du documentariste Benoit Pilon (Roger Toupin, épicier variété Des nouvelles du Nord, etc.), sur un scénario de Bernard Émond (La Neuvaine, Contre toute espérance, etc.). Donnant la vedette à Natar Ungalaaq (le héros d'Atanarjuat), le film aborde le choc culturel d'un chasseur inuit tuberculeux, au début des années 50. Il doit affronter le sanatorium et l'univers des Blancs, se laissant longtemps dériver, jusqu'à l'arrivée d'une main secourable.
En août, on verra Un été sans poing ni coup de poing, de Francis Leclerc (le cinéaste de Mémoires affectives), avec Pier-Luc Funk, Patrice Robitaille, Jacynthe Laguë et Roy Dupuis. Il s'agit d'une adaptation d'un roman de Marc Robitaille, l'histoire d'une relation entre un père et son adolescent sur fond d'amour du baseball.
Le 8 août, mégaproduction commerciale de l'été: Cadavres d'Érik Canuel (Bon cop, bad cop). Avec Patrick Huard, Julie Le Breton et Patrice Robitaille, entre autres. Dans cette comédie noire, les cadavres s'empilent dans la maison familiale, où retourne une jeune fille après le suicide de sa mère.
Documentaires
Le 400e anniversaire de la ville de Québec nous vaut un documentaire de Jean-Claude Labrecque, film personnel sur sa ville natale dont il montrera les beautés secrètes. (Juin)
Dans Adagio pour un gars de bicycle, Pascale Ferland se penche sur la vie de René Bail, mort en 2007, qui avait donné au Québec Les Désoeuvrés, un des films annonciateurs de la Révolution tranquille, non terminé à l'époque. À 40 ans, René Bail fut victime d'un terrible accident de la route qui le laissa handicapé, mais il garda intacte sa passion du cinéma. Les Désoeuvrés a été complété et restauré en 2007. (29 février)
Des coulisses du hockey junior, plus particulièrement l'équipe du Drackkar de Baie-Comeau, Isabelle Lavigne et Stéphane Thibault ont capté à travers Junior des moments de crise, des espoirs, des rivalités, les tensions derrière la course à la performance. (25 janvier)
Un grand documentaire: Sur le Yangzi, de Yung Chang, capte à l'aide d'images magnifiques le drame et la dérision du barrage des Trois-Gorges avant l'inondation du fleuve Yangzi en Chine. (Printemps)
Le Doigt dans l'oeil, de Julien Fréchette, se penche sur l'île René-Levasseur, sur la Côte-Nord, fleur du patrimoine innu, dont tous s'arrachent le territoire-symbole. (Février)
La question de l'immigration n'a pas fini d'inspirer les documentaristes. Dans Family Hotel, Hélène Klodawsky explore le parcours d'Ayan, une réfugiée somalienne expulsée de son logement qui fait face à la musique. (11 avril)
De la même documentariste, Shopping à la folie constitue un regard posé sur la folie du magasinage, lequel fait appel à notre instinct primaire de chasse et de cueillette... et nous ruine au détour. (Mai)
Americano, de Carlos Ferrand, retrace le voyage personnel du cinéaste québécois d'origine péruvienne, de la Patagonie au Nunavut, avec retour sur sa patrie d'origine, ses engagements, ses amitiés. (Mars)
La Cinémathèque donne un coup de chapeau à la boîte de distribution et de production Cinépix, fondée en 1962. Quelques-uns de ses films phares, dont Valérie de Denis Héroux, L'Homme idéal de George Mihalka, Princes in Exile de Giles Walker, etc. (Du 23 janvier au 13 février)
À ne pas manquer non plus: la 26e édition des Rendez-vous du cinéma québécois, du 14 au 24 février.