Festival du film de Sundance - La guerre s'efface derrière le rire

Park City, États-Unis — Le 27e Festival du film de Sundance, qui s'ouvrait hier dans l'Utah, propose cette année une kyrielle de comédies et des documentaires au ton intime parfois teintés d'autodérision, laissant la guerre au second plan.
Après des années marquées par une saturation de détails sanglants sur les conflits menés par les Américains et leurs alliés en Irak et en Afghanistan, les spectateurs sont «mûrs pour rigoler», estime le programmateur du festival, John Cooper.D'autant plus que le prestigieux Festival de Toronto, avec une large sélection de films à charge contre la politique antiterroriste du président George W. Bush, «a déjà passé en revue tous les bons films antiguerre», souligne-t-il.
Plus sérieusement, il estime que «les réalisateurs n'ont pas dit tout ce qu'il y avait à dire sur la guerre en Irak, mais le public est saturé» de nouvelles du conflit.
John Cooper promet plutôt «des sujets sombres teintés d'éléments comiques» à travers les familles excentriques de Birds of America et The Wackness, ou encore un film «sur des meurtres, mais drôle», intitulé In Bruges.
«Bizarrement, Sundance n'est pas connu pour ses comédies, relève-t-il, mais je crois que nous sommes prêts pour des sujets plus légers cette année.»
Le festival proposera aussi plus de films indépendants où des acteurs connus ont accepté de jouer pour des cachets modestes afin de leur donner une chance de conquérir le box-office. Michael Keaton, Colin Farrell, John Malkovich, Bruce Willis, Ben Kingsley, Jack Black, Julianne Moore et Robert De Niro sont notamment à l'affiche.
Pièce maîtresse d'une fondation culturelle lancée par Robert Redford en 1981, Sundance, qui met en vedette les films indépendants des grands studios, est devenu un rendez-vous majeur de la profession et, ironiquement, un endroit où Hollywood vient faire son marché.
Cette année, les festivaliers réunis dans la région montagneuse autour de Salt Lake City pourront voir, jusqu'au 27 janvier, 122 longs métrages représentant 25 pays. Parmi eux, 55 sont des premiers films, comme In Bruges, de Martin McDonagh, où Colin Farrell et Brendan Gleeson jouent deux tueurs à gages londoniens à qui leur patron (Ralph Fiennes) ordonne de se mettre au vert à Bruges, en Belgique.
Cette comédie noire est «brutale, philosophique, drôle et totalement originale», selon le directeur du festival, Geoffrey Gilmore.
Des prix seront remis dans deux catégories, fiction et documentaire. Seize films sont en compétition pour le prix du documentaire, parmi lesquels An American Soldier, qui montre les stratégies d'un sergent recruteur de l'armée, ou Roman Polanski - Wanted and Desired, éclairage sur la vie du cinéaste français, parti des États-Unis alors qu'il était recherché car soupçonné d'avoir eu des relations sexuelles avec une mineure.
Beaucoup de documentaires sont filmés sur un mode personnel, comme Traces of the Trade, où la réalisatrice explore l'histoire de ses ancêtres trafiquants d'esclaves.
Ces réalisateurs «échangent avec le public sur un mode plus humain», a expliqué M. Cooper, pour qui, «dans bien des cas, ils ne peuvent faire ces films que parce qu'il s'agit de leur propre histoire».
Plusieurs autres documentaires sont consacrés à l'univers musical ou encore à l'environnement.