La Trilogie de l'Île-aux-Coudres en DVD

Voici la fameuse Trilogie de l'Île-aux-Coudres de Pierre Perrault enfin numérisée. La pêche aux marsouins, la fin des métiers traditionnels et la quête des racines reprennent vie et toucheront peut-être des générations qui ignorent encore les grands mythes insulaires du Saint-Laurent, revisités par un cinéaste-poète.

En 1999, l'ONF avait diffusé cette trilogie en vidéocassettes, dans la collection «Mémoire». Pour la suite du monde (coréalisée avec Michel Brault qui, avec sa caméra mobile, apporta mouvement et modernité visuelle), Le Règne du jour, Les Voitures d'eau, également des bonis, comme Le Beau Plaisir, Pierre Perrault parle de l'Île-aux-Coudres et Pierre Perrault vu par.

Il s'agit donc d'une réédition en DVD de ce coffret, avec un ajout de taille: des sous-titres anglais, qui permettront aux films de Perrault de s'exporter hors du cadre étroit de la francophonie. Autre ajout important: un livret de 103 pages, avec articles et commentaires mais aussi une chronologie de l'oeuvre de Perrault, littéraire, théâtrale, cinématographique avec dates-clés aussi sur sa vie) établie avec Yolande Perrault, veuve du cinéaste.

Denys Desjardins a supervisé la présente édition. «Pierre Perrault étant le cinéaste de la parole, la traduction des films fut longue et difficile, explique-t-il. La langue populaire parlée par Alexis, Gros-Louis et les autres n'était pas facile à rendre en anglais non plus...»

Le pur chef-d'oeuvre du trio est bien entendu le premier volet de la trilogie. Pour la suite du monde, sur lequel trône Alexis Tremblay, poète de l'île et des traditions qui a recréé avec d'autres une pêche au marsouin pour les besoins du film, en livrant sa vision mythique du pays, magnifiée encore par Perrault.

Le Règne du jour suivait en France Alexis Tremblay, sa femme Marie, leur fils Léopold et leur bru sur les traces des ancêtres, surtout dans le Perche (1966). Les Voitures d'eau abordait la disparition des goélettes au profit des bateaux de fer, avec la nostalgie du traditionaliste (1968).

«Ce sont Les Cahiers du cinéma qui ont fait Perrault, rappelle Denys Desjardins. Pour la suite du monde concourrait au Festival de Cannes en 1963 et les Cahiers s'étaient entichés du film et de Perrault, contribuant beaucoup à son rayonnement. Mais dans le monde anglophone, son oeuvre était demeurée beaucoup trop à l'ombre, faute d'être accessible.»

Une rétrospective Perrault au Festival de Toronto en 2004 avait déjà ouvert la voie à la nécessaire traduction de films de Perrault.

La réédition enrichie sur DVD commence avec la Trilogie de l'Île-aux-Coudres, mais d'ici 2008, suivront les séries Le Fleuve, L'Homme et la nature, La Quête d'identité collective ainsi que Le Cycle abitibien.

À voir en vidéo