Sans commentaire

Keisha Castle-Hugues dans le rôle de Marie dans La Nativité, de Catherine Hardwicke. 
Source: Alliance vivafilm
Photo: Keisha Castle-Hugues dans le rôle de Marie dans La Nativité, de Catherine Hardwicke. Source: Alliance vivafilm

Sans commentaire. Pas moi, le film. Sans commentaire. Ni historique, ni politique, ni social. Sans même une tentative de révisionnisme ou de distanciation. The Nativity Story raconte la naissance du Christ, depuis l'Immaculée Conception jusqu'à la fuite en Égypte, avec tout le reste entre les deux. Un point c'est tout. Avec pudeur, sobriété, intelligence et beauté, certes. Mais aussi sans grandeur ni réelle pertinence. Pourquoi ce film, pourquoi maintenant? La réponse n'est pas dans le film, la réponse n'est pas non plus le film lui-même. Il faudra la chercher ailleurs (cf. ma chronique d'hier).

En soi, c'est un parti pris courageux que l'Américaine Catherine Hardwicke défend dans ce troisième long métrage, qui fait suite à deux opus remarqués sur l'adolescence contemporaine (Thirteen et Lords of Dogtown). Quoique, réflexion faite, The Nativity Story est aussi un film sur l'adolescence. Marie, la mère de Jésus campée par l'excellente et habitée Keisha Castle-Hugues (l'inoubliable Maori rebelle de Whale Rider), avait à peine quinze ans lorsque son père décida de la marier à Joseph (Oscar Isaac), charpentier guère plus âgé qu'elle.

La première moitié du film raconte les circonstances difficiles dans lesquelles cette union fut formée: oppression des habitants de Nazareth réduits à la misère par les impôts du roi Hérode, fuite de Marie chez sa cousine Elizabeth à la suite de l'Annonciation, son retour dans la disgrâce, etc. La seconde retrace le périple de Marie et Joseph vers Bethléem, au cours duquel leur couple sera solidifié, et au terme duquel le divin enfant naîtra dans une étable.

Parallèlement, le scénario de Mike Rich (The Rookie, Finding Forrester) développe deux autres axes, de façon beaucoup plus superficielle toutefois, qui viennent éclairer ou dramatiser l'axe principal. À la cour du roi Hérode (Ciaran Hinds), la paranoïa inspirée par la prophétie messianique de l'Ancien Testament va donner lieu au massacre des saints Innocents. En Perse, trois mages se rendent compte que ladite prophétie est sur le point de se réaliser et prennent le chemin de la Judée. Ces deux histoires intercalées à la première, au traitement naturaliste, n'atteignent jamais la force dramatique de cette dernière. Et pour cause: le décor expressionniste dans lequel Hérode évolue donne l'impression d'avoir été construit puis rejeté par les ateliers de Cecil B. De Mille. Quant aux mages, employés comme contrepoint comique, ils ont l'air déguisés pour la crèche de Noël.

Si trois axes convergent, deux thèmes se croisent: l'innocence et l'oppression, que Catherine Hardwicke traduit simplement, en images, par le ciel et la terre. Sa mise en scène élégante mais transparente est avare de gros plans mais riche en tableaux. Ce qui par moments nous donne l'impression de regarder un livre d'images. N'est-ce pas, du reste, l'objectif du film, que de traduire en images une légende fondatrice, en essayant de heurter le moins possible les imaginaires de chacun?

Collaborateur du Devoir

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The Nativity Story (La Nativité)

De Catherine Hardwicke. Avec Keisha Castle-Hugues, Oscar Isaac, Hiam Abbas, Shaun Thoub, Shohreh Aghdashloo, Alexander Siddig. Scénario: Mike Rich. Image: Elliot Davis. Montage: Robert K. Lambert, Stuart Levy. Musique: Mychael Danna. États-Unis, 2006, 102 minutes.

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