Frissons garantis

Turistas, de John Stockwell, parvient à distiller la peur par identification.
Source: 20th century fox
Photo: Turistas, de John Stockwell, parvient à distiller la peur par identification. Source: 20th century fox

Ceux qui connaissent le terrifiant film Hostel d'Eli Roth (L'Auberge) éprouveront une sensation de déjà vu devant ce Turistas. Transposez l'action de la République tchèque au Brésil mais gardez les mêmes ingrédients: de jeunes touristes écervelés ayant envie de faire la fête à l'étranger avec de belles femmes du pays, dont le voyage vire au cauchemar et au défi de Survivors. Et vous obtiendrez en moins terrifiant (Hostel fut un sommet du genre) le Turistas en question, tourné lui aussi de façon un peu documentaire, avec une caméra à l'épaule. Blair Witch Project avait déjà donné le ton et fourni l'esthétique pour les oeuvres du genre. Ici, la couleur locale ajoute une dimension d'Éden violé, appuyée sur les contrastes de la beauté des paysages et du mal tapi dans le coeur des hommes.

Donc, quelques jeunes et jolis touristes des deux sexes en voyage au Brésil, après un accident d'autobus, égarés dans un village près d'une plage de sable blanc où ils s'éclatent ferme avec les beautés locales, sont la proie de Brésiliens assassins et voleurs d'organes qui ne leur souhaitent aucun bien.

Sans constituer un thriller de haut vol à la réalisation brillante ni reposer sur des jeux d'acteurs très convaincants, Turistas parvient à distiller la peur par identification. Qui n'a jamais ressenti à l'étranger ces frissons devant une terre inconnue, peut-être hostile? De là à imaginer le pire...

Le film, dans un montage qui eût mieux fait de respecter totalement la chronologie de l'action, dévoile trop tôt ses couleurs. À l'encontre d'Hostel, le film évite de tout montrer, nous fait grâce des opérations les plus effroyables, laissées à l'imagination plutôt qu'à la vue. Mais le suspense est efficace, avec sa route qui part du paradis pour atteindre l'enfer, et sait graduer ses effets. Les scènes sous-marines avec lampe de poche dans une magnifique grotte aux terribles poursuites apparaissent comme les plus belles et les plus originales de Turistas.

On l'aura compris: ce film tient de l'anti-pub touristique pour le Brésil. On constate d'ailleurs qu'à la suite d'Hostel, Turistas envoie aux jeunes le message qu'il faut se méfier des voyages, surtout hors des sentiers battus, qu'il faut s'en tenir aux routes bien balisées, etc., voire rester chez soi. Voilà qui semble un brin simpliste, encore qu'une morale d'élémentaire prudence soit toujours la bienvenue. Ici, cette morale se nourrit au pur cauchemar. Le film, avec des éléments de sexe, plage et alcool, se destine surtout aux clientèles adolescentes, qui en auront pour leur argent en frissons de terreur.

***

Turistas

Réalisation: John Stockwell. Scénario: Michael Arlen Ross. Avec Josh Duhamel, Melissa George, Olivia Wilde, Desmond Askew, Beau Garrett, Max Brown, Agles Steib, Miguel Lunardi. Image: Enrique Chediak. Montage: Jeff McEvoy. Musique: Paul Haslinger.

À voir en vidéo