À voir à la télévision le mardi 17 octobre - L'anti-007

John Le Carré n'est pas seulement un écrivain méticuleux et bien documenté; le monde qu'il décrit dans ses romans, il l'a d'abord connu de l'intérieur. Agent secret au début des années 1960, donc en pleine guerre froide, il s'est longtemps inspiré des tiraillements entre l'Est et l'Ouest. Et la chute du mur de Berlin est loin d'avoir réduit en mille miettes son inspiration, comme en témoigne La Constance du jardinier (2001) sur les manigances des grandes compagnies pharmaceutiques.

L'espion qui venait du froid, un de ses premiers romans, dépeint un homme dont le travail et les tourments ne ressemblent ni de près ni de loin à ceux d'un James Bond. Aucun mannequin à l'horizon, des attentes interminables, des prouesses modestes, bref, tout sauf le glamour et l'exotisme pour Alec Leamas, qui rêve... à la retraite. En 1965, le cinéaste Martin Ritt, qui deviendra plus tard la conscience de gauche de Hollywood (Conrack, The Front, Norma Rae), reproduit fidèlement le climat pessimiste et mélancolique du roman de Le Carré, ainsi que son intrigue extrêmement complexe où la vérité est une denrée très rare.

De retour d'une mission ratée dans un Berlin encore divisé et incapable de passer la fin de sa carrière dans un bureau, Alec (Richard Burton, au regard perçant et à la démarche assurée) accepte une dernière mission, cette fois derrière le rideau de fer. Il doit donner l'illusion d'être devenu un traître à sa patrie pour pénétrer les services secrets est-allemands. Sa stratégie: accepter un boulot modeste dans une bibliothèque, feindre l'alcoolisme, agresser l'épicier qui refuse de lui faire crédit et s'éprendre d'une compagne de travail (Claire Bloom), jeune sympathisante communiste. Une fois dans les filets de l'ennemi, il doit compromettre un agent, un ancien nazi, le rival d'un collègue d'origine juive (le redoutable Oskar Werner): il y aura très peu de gagnants dans cette affaire où les espions sont peu à peu réduits à être de simples pions.

Cinéma / L'espion qui venait du froid, Historia, 22h

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