Art Mûr se transforme en centre d'art
Un projet majeur de galerie prend forme dans le quartier Rosemont. La galerie Art Mûr, du haut de ses six ans d'existence, vient de faire l'acquisition de l'édifice du 5826, rue Saint-Hubert, près du boulevard Rosemont, pour en faire un ambitieux centre de diffusion de l'art contemporain. Une surface immense pour Montréal - 22 000 pieds carrés - sera consacrée à des galeries et à des activités connexes.
Depuis six ans, la galerie Art Mûr, au 3429, rue Notre-Dame Ouest, existe comme encadreur professionnel. Deux associés, Réal Olivier Lanthier et François Saint-Jacques ont commencé en 1999 à organiser des expositions en art contemporain qui rapidement ont su attirer leurs lots de visiteurs et la critique. La petite entreprise deviendra grosse au cours de l'été, car le duo prévoit déménager sa galerie qui pourra se transformer en centre voué à l'art contemporain.La phase A du projet prévoit quatre salles d'expositions de tailles différentes, un projet d'une ampleur inédite pour l'instant à Montréal. D'ici cinq ans, la phase B du projet prévoit l'ajout de trois salles, confie Réal Lanthier. Pour l'instant, la phase A prévoit utiliser 8000 pi2 d'espace de galerie: une grande galerie de 3000 pi2, une de 2000 et deux de 1500 pi2, des espaces plus que respectables en comparaison avec ce que connaît Montréal. Le reste des espaces sera utilisé pour la boutique d'encadrement et pour les ateliers.
"Ça fait un moment qu'on pense à déménager, explique M. Lanthier. On voulait un édifice facile d'accès en métro. Notre premier critère était d'avoir vitrine sur rue. On veut vraiment des vitrines visibles de la rue, ce qui manque à Montréal. On veut s'afficher comme n'importe quelle boutique, comme n'importe quel autre produit qu'on peut voir en marchant dans une rue commerciale." Le nouveau propriétaire explique qu'Art Mûr désirait pouvoir disposer de plusieurs salles d'exposition. Jusqu'à maintenant, les expositions thématiques et collectives que la galerie organise ont une bonne presse et de nombreux visiteurs, mais l'idée de pouvoir tenir en parallèle des expositions solos est chère aux deux galeristes-encadreurs. Pour le moment, deux étages sont loués pour "assurer la vitalité du projet".
Avec la formule existante, "l'acheteur actuel doit revenir plusieurs fois pour voir plusieurs oeuvres d'un même artiste. Notre souhait, c'est qu'il y ait plus de ventes parce qu'il y aura plus de possibilités de séduction pour le travail." Comme les autres galeries, Art Mûr entend s'affilier à des artistes et aussi faire des affaires avec des artistes invités. Aussi, pour les débuts du projet, Lanthier évoque comme modèle le défunt Montréal Télégraphe, où les artistes pouvaient louer des espaces d'exposition. "Il y a plusieurs artistes qui attendent que des galeries les représentent. Il y a souvent peu d'ouvertures dans les galeries bien établies." On ne peut contredire Réal Lanthier à ce sujet. Certains artistes ont déjà été sollicités, mais il est trop tôt pour annoncer quoi que ce soit.
Le projet va s'autofinancer. Les services d'encadrement du duo permettent de financer le projet. "On n'a pas atteint notre plein rendement en ce qui a trait à la galerie, mais les activités d'encadrement nous permettent de financer le projet." Une des sections de l'édifice, sur deux étages, pourrait éventuellement accueillir des produits plus diversifiés. Des livres d'art, des magazines et des objets de design seraient offerts. L'expérience a déjà été tentée dans la galerie, alors que l'exposition Couleurs et formes associait le design à l'art. Citant en exemple les galeries commerciales qu'on retrouve dans le Vieux-Montréal, M. Lanthier espère "faire entrer les gens par d'autres moyens dans la galerie pour faire découvrir l'art".
Le projet est ambitieux pour un marché aussi petit que celui de Montréal. Mais les deux associés sont optimistes. Les idées ne manquent pas. "On veut sans cesse innover, sans révolutionner le monde." Un centre de location de films sur l'art est même envisagé, pour compléter les activités du Festival des films sur l'art, par exemple, qui ne dure que deux semaines dans l'année. "Ça nous permet de rencontrer des gens. Il y en a qui viennent acheter un cadre et qui repartent avec une toile, ou l'inverse. Ça crée une dynamique, une synergie."