Plongée dans les archives Sullivan

C’est à la Galerie de l’UQAM queFrançoise Sullivan a lancé jeudi les activités qui célébreront son 100e anniversaire cette année. La galerie présente sous forme numérique l’exposition Une ligne imaginaire, et le livre du même nom, signé Louise Déry, qui s’intéresse au parcours de l’artiste dans les années 1970.
Signataire de Refus global, mais aussi fondatrice du mouvement de danse contemporaine au Québec, peintre, sculptrice, qui s’est frottée à l’Arte povera italien pour revenir à la peinture, encore et toujours aujourd’hui, Françoise Sullivan reste une artiste du temps présent. C’est dans ce qu’elle a vu, lu, qu’elle trouve l’inspiration de ses toiles, dont une production récente fera l’objet d’une exposition au Musée des beaux-arts de Montréal à l’automne.
Il fallait donc Louise Déry, directricede la Galerie de l’UQAM et amie de longue date, pour aller sonder les archives laissées en plan par l’artiste, enfouies dans son sous-sol, et retracer un pan de son parcours qui était resté jusqu’à présent peu exploré. À travers ses textes et de nombreuses photographies, on entre en contact avec la démarche très singulière de l’artiste, elle qui continue de mêler installation, chorégraphie, photographies et peinture, naviguant entre la sphère intime, lorsqu’elle présente les échelles de croissance de ses quatre garçons, et l’universel, lorsqu’elle reprend par exemple la figure ancienne du dieu grec Apollon pour le poster au milieu d’un champ de raffineries de pétrole.
Pour Françoise Sullivan, les traces de cette époque que Louise Déry a extraites de ces archives « étaient un jeu, pour s’amuser », disait-elle simplement au moment du vernissage de l’exposition jeudi.
Durant les années 1970, Françoise Sullivan a passé beaucoup de temps en Italie, où elle a notamment suivi la trace des graffitis, qui témoignait d’une révolution sociale, politique et culturelle. « Il y a des graffitis qui étaient vraiment très forts, presque surprenants », disait-elle au moment du vernissage. C’est ce projet qui l’a d’abord conduite en Italie, puis incitée à y retourner, avec sa famille.
On y retrouve aussi les traces d’une déambulation autour des colonnes d’un temple, Tempio di Ercole (1976), ou encore autour des arbres, Tempio di Cibele (1976).
Tout occupée à capter l’instant, Françoise Sullivan ne regarde pas souvent derrière. « Au présent, on a des choses nouvelles à dire et à faire », dit-elle. Aussi a-t-elle dû, en même temps que Louise Déry, replacer ses oeuvres oubliées des années 1970 dans le grand contexte de son parcours artistique. « Et c’est assez surprenant de les voir ici aujourd’hui », dit-elle d’ailleurs.
Le centenaire de Françoise Sullivan sera l’occasion de présenter diverses expositions à Montréal, dont celle d’une cinquantaine d’oeuvres, des pastels de 1996 à 2004, chez le galeriste Simon Blais. Le MBAM présentera par ailleurs le travail récent de l’artiste cet automne.