Maude Arès: la réalité des choses

« Notre rapport primaire aux objets est de l’ordre du fonctionnel. Ils doivent nous être utiles. Je propose plutôt une observation et une relation poétique au monde, je dirais aussi de soin et d’attention à la matière. » C’est ainsi que Maude Arès parle de son rapport aux divers éléments présents dans son exposition qui vient de démarrer au CIRCA art actuel. Elle poursuit en expliquant qu’elle s’inspire « beaucoup des techniques de l’artisanat, car les artisans connaissent très bien les propriétés des matériaux qu’ils utilisent ».
Ses outils-mystères, généralement de petites sculptures fragiles, précaires, longilignes, que Maude Arès a utilisés dans diverses performances et expositions, parlent aussi d’un rapport différent aux objets et à la matière. Elle en a créé plus de 150 depuis 2016. Ils sont composés de matières organiques trouvées, de petits matériaux les structurant et d’argile séchée… Ils portent tous un nom original. Parmi ceux-ci, on notera Le céleri d’amitié, Le carillon qui voulait être une pluie, L’humble chevalier, La caresse du mathématicien, Le tailleur de chemins psychédéliques, Le papillon attrapé et cristallisé, La baguette de Laura… Ce sont de petits riens très symboliques qui tiennent à la fois des objets empêchés, oniriques ou perturbés des surréalistes, du jouet inventé par un enfant après une visite en forêt ou d’objets élaborés par des oiseaux ou d’autres animaux. Certains d’entre eux seront présents sur une table, d’autres sont intégrés dans des sculptures ou des mobiles installés dans l’exposition. Avec le temps, certains ont changé de forme, ont été brisés, ont été raccommodés à l’aide de fil de lin, de gouttes de colle…
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Il s’agira d’une expo avec un réseau de mobiles et de bassins où certaines sculptures flotteront, d’autres seront suspendues. « Je viendrais souvent arroser ces bassins afin d’activer cette installation », d’expliquer l’artiste. Une oeuvre évolutive qui mettra « en valeur les interactions, relations et phénomènes qui existent entre différentes matérialités. Chaque courant d’air ou chaque passage d’un visiteur affectera l’ensemble du réseau ». Une expo qui soulignera comment nous devons être attentifs à la fragilité du monde qui nous entoure.
Et il faudrait aussi évoquer le titre de cette expo, qui, en lui-même, est un poème, une invitation à laisser le monde nous imprégner…