D’anciens employés du MBAC dénoncent sa gestion dans une lettre ouverte

«Plusieurs postes clés dans des secteurs importants de la collection sont soit sans personnel, soit en sous-effectif», peut-on lire dans la lettre.
Justin Tang La Presse canadienne «Plusieurs postes clés dans des secteurs importants de la collection sont soit sans personnel, soit en sous-effectif», peut-on lire dans la lettre.

La saga au Musée des beaux-arts du Canada (MBAC), à Ottawa, se poursuit. Dans la foulée de l’importante vague de congédiements que connaît l’institution depuis trois ans – dont quatre postes haut placés plus tôt ce mois-ci –, sept anciens employés du musée ont envoyé, vendredi, une lettre ouverte au ministre du Patrimoine canadien pour lui faire part de leurs inquiétudes.

« Les plus récents licenciements de cadres supérieurs auront un impact sur la sécurité des oeuvres d’art, sur le développement de la connaissance des collections et des futures acquisitions, et sur la réalisation d’un programme d’expositions de classe mondiale », écrivent les signataires de la lettre, en anglais.

Ils sont Delphine Bishop, Charles Hill, J. P. McElhone, Diana Nemiroff, Greg Spurgeon, Ann Thomas, et Rosemarie Tovell, et se définissent comme d’anciens membres du personnel du Musée « ayant occupé des postes de direction dans des secteurs clés de l’institution ».

Ces anciens employés déplorent notamment que plusieurs postes demeurent vacants au MBAC, suite à la vague de congédiements, de retraites anticipées, et d’autres départs, des dernières années : « Plusieurs postes clés dans des secteurs importants de la collection sont soit sans personnel, soit en sous-effectif », peut-on lire dans la lettre.

Parmi ces postes vacants, ils mentionnent « qu’il n’y a actuellement qu’un seul conservateur adjoint pour l’art contemporain, aucun conservateur spécialisé dans l’art canadien ancien et l’argenterie canadienne, aucun conservateur principal pour l’art autochtone, aucun conservateur principal pour l’art historique européen et américain, aucun spécialiste des arts imprimés et dessins canadiens, et [que] la collection de photographies de renommée internationale ne compte plus qu’un conservateur principal et un assistant. » La liste complète est toutefois beaucoup plus longue.

Réputation entachée

 

Les signataires estiment que l’actuelle gestion du musée nuit non seulement aux expositions, parce que l’institution subit un manque d’employés, mais ils affirment aussi que « le message transmis au public canadien et international au cours des dernières années a été tristement dépourvu de toute célébration de l’art », ce qui nuirait à sa réputation, au Canada et à l’international.

Le Devoir a rapporté jeudi dernier que parmi les quatre derniers licenciements qui avaient été effectués au musée, le MBAC avait notamment remercié deux de ses dirigeants de longue date : le directeur de la conservation et de la recherche technique, Stephen Gritt, et le conservateur de l’art autochtone, Greg A. Hill. Ce dernier avait entre autres déploré, sur les réseaux sociaux, « la manière coloniale et antiautochtone dont le département Voies autochtones et décolonisation est dirigé ».

Au moment où ces lignes étaient écrites, le ministère du Patrimoine canadien n’avait pas donné suite aux questions du Devoir. Il a toutefois indiqué à Radio-Canada, cette fin de semaine, qu’il avait pris connaissance de la lettre et qu’il entendait examiner « les préoccupations soulevées ».

« La réorganisation annoncée est cohérente avec le nouveau plan stratégique du Musée », avait précisé le MBAC au Devoir par courriel, la semaine dernière, déclinant une demande d’entrevue.

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