Du «pur bonheur» à la Galerie 3

Avec «Minimal tendre», Jasmin Bilodeau reprend notamment certains thèmes et matériaux auparavant associés à BGL, dont le bois, mais dans une démarche éminemment personnelle.
Photo: Étienne Boucher, Galerie 3 Avec «Minimal tendre», Jasmin Bilodeau reprend notamment certains thèmes et matériaux auparavant associés à BGL, dont le bois, mais dans une démarche éminemment personnelle.

La première exposition solo de Jasmin Bilodeau, l’un des membres de la célèbre triade BGL, aujourd’hui dissociée, est ouverte au public depuis samedi, à la Galerie 3, à Québec. Il expose aux côtés de Laïla Mestari, prometteuse artiste multidisciplinaire qui traite de son héritage familial maghrébo-québécois.

« Je suis tout fébrile, comme un étudiant qui sort de l’école », a déclaré Jasmin Bilodeau lors du vernissage de son exposition. L’artiste était très heureux de présenter certaines oeuvres sur lesquelles il travaillait « depuis des années », mais que sa pratique au sein de BGL ne lui « permettait pas de développer, faute de temps ».

Formé en 1996 alors que les trois artistes (B, G et L) étudiaient à l’Université Laval, le collectif est devenu l’un des plus illustres acteurs de l’art contemporain au Canada, connu pour ses installations grandioses, souvent critiques de la société de consommation.

Avec sa nouvelle exposition, intitulée Minimal tendre, divisée en trois corpus distincts, Jasmin Bilodeau reprend notamment certains thèmes et matériaux auparavant associés à BGL, dont le bois, mais dans une démarche éminemment personnelle.

C’est ainsi qu’il présente, dans l’une des salles de la galerie, un ensemble de tableaux représentant des paysages urbains, exclusivement réalisés à partir de petites branches d’arbres grappillées par l’artiste, puis soigneusement repeintes.

« On avait commencé, avec BGL, à conceptualiser des oeuvres monumentales à partir de branches, mais je voulais me réapproprier cette démarche pour en faire ressortir des contrastes issus de mes propres observations des villes représentées », soutient l’artiste.

Ce dernier évoque ostensiblement l’opposition entre la nature fragile et organique des branches et les formes industrielles des paysages urbains, surtout des ponts et des tours.

Tableaux doux et personnels

 

Bien que l’on connaisse surtout BGL pour ses oeuvres d’art public — sculpturales — et ses installations in situ, comme celle présentée à la 56e Biennale de Venise, en 2015, Jasmin Bilodeau dit « peindre depuis plusieurs années ».

« Enfin, je peux présenter ces tableaux. J’ai capturé des moments de pur bonheur, où le temps s’arrête, alors que j’étais en communion avec la nature », indique l’artiste. Il expose donc également une série de peintures faites à l’acrylique sur toile brute, tous des paysages naturels, de relativement petits formats qui évoquent des photos prises par un téléphone portable.

Le corpus le plus intéressant de toute l’exposition demeure toutefois les petites sculptures, réalisées à partir de branches, seules, coulées dans le bronze telles quelles, puis repeintes. Elles y apparaissent comme des ballerines en mouvement, évoquant tout le potentiel poétique intrinsèque des éléments de la nature.

Identité multiple recollée

 

Aussi à la Galerie 3, l’artiste Laïla Mestari dévoile de nouvelles oeuvres en dessins, en photographies et en textiles, à l’issue d’une collaboration menée dans le cadre du programme Artroduction, piloté par la galerie et destiné aux artistes émergents.

Ayant grandi dans une famille maghrébo-québécoise, l’artiste présente entre autres de magnifiques pièces de textiles, comme des collages de références culturelles, recontextualisées pour évoquer son identité multiple.

« J’adore représenter la tension dans mon travail, la tension entre les provenances culturelles, le passé et le présent, entre les matériaux », soutient l’artiste. Ses oeuvres puisent entre autres dans l’iconographie et dans les archives amazighes (berbères) du Maroc.

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