Au musée, comme chez soi

Dans l’espace  au grenier, les enfants peuvent dessiner sur le mur grâce à leurs mouvements.
François Ozan Dans l’espace au grenier, les enfants peuvent dessiner sur le mur grâce à leurs mouvements.

Le mythique atelier de costumes du Musée de la civilisation à Québec, qui a fait le bonheur de milliers d’enfants dans les trente dernières années, cède sa place à Ma maison, une nouvelle expérience muséale destinée aux petits de 3 à 8 ans. Dans une approche interactive, ludique et sensorielle, l’exposition parvient habilement à unir la chaleur de la maison et la découverte de l’art et de la culture.

Avant d’entrer dans cette maison surdimensionnée, nos yeux se tournent naturellement vers le « jardin » un espace ouvert dans lequel les enfants pourront s’épivarder avant, après ou même pendant la visite. Une immense fresque réalisée à l’aquarelle et aux pochoirs par l’artiste Anne Côté sert de toile de fond, un décor qui évoque la forêt et la douceur des jours d’été. S’amorce ensuite la visite de cette fameuse maison qui compte quatre pièces magnifiquement décorées, ornées de nombreux objets — près de 200 tirés de différentes collections du Musée — et chacune habitée par un drôle d’oiseau. Le salon d’abord, de style victorien, au centre duquel trône un immense canapé jaune, est le refuge de Napoléon Dodo, un diplomate passionné de voyages et d’histoires. Sur les murs, des portraits de famille, tableaux de Théophile Hamel et Antoine Plamondon, côtoient des trucs plus loufoques, notamment un portrait des quatre oiseaux hôtes. Plusieurs objets agrémentent la visite et incitent les enfants à fouiller. Ainsi, une armoire s’ouvre, dans laquelle les yeux curieux découvriront des toupies anciennes, des fers à repasser miniatures, des poupées et plus encore. S’ajoutent à ce plaisir offert aux yeux des jeux de casse-tête et un « cherche et trouve ».

La cuisine et autres pièces

 

Du salon, nous passons à la cuisine habitée par Colette Poule. Pièce de tous les délices, lumineuse, au centre de laquelle se dresse une table réfectoire débordant de gâteaux colorés, de pains, de fruits et surtout d’odeurs appétissantes. On n’a qu’à soulever des couvercles pour que nos papilles se mettent à saliver alors que nos yeux nous ont déjà bien mis en condition dans cette pièce chaleureuse. Sans doute la plus attrayante des quatre, du moins pour le petit Arthur présent lors de notre passage, qui nous a confié la préférer aux autres parce qu’on y trouvait plein de « bonnes cochonneries ».

La cuisine, tout comme le salon, se veut aussi interactive. Des tiroirs s’ouvrent sur différents outils d’époques — baratte à beurre, moule à sucre — que les enfants pourront associer à des vidéos d’archives.

Après cet épisode gourmand, l’heure du conte est la bienvenue dans la chambre à coucher, refuge de Nestor Hibou. Là encore, la surdimension est reine avec ce lit à multiples matelas rappelant celui de la princesse au petit pois. Les lumières tamisées s’allient aux sons des grillons. On passe ensuite dans la salle de bains, tenue par Capitaine Goéland. Véritable plongée dans un univers de bord de mer. Le son des oiseaux et de l’eau se laisse entendre par ceux qui s’approchent de la baignoire sur pieds en plein centre de la pièce. Là où le fond marin regorge de mystères.

Faire vivre le Musée

 

Ces pièces sont reliées entre elles par des passages secrets, que se plairont à emprunter les plus curieux. S’ajoutent à ces espaces un grenier, dans lequel on peut faire des dessins au mur grâce à nos mouvements, un vestibule, un jardin et un placard à photomaton — avec photo qui se retrouve par la suite dans le Salon. Pour Stéphan La Roche, président-directeur général, la mission de cette nouvelle exposition est de transformer l’ordinaire en extraordinaire, d’offrir un premier contact avec le monde muséal et avec celui des collections. Les enfants vivent ainsi une immersion dans cet univers, en ayant la chance de toucher, sentir, voir, bouger, faire vivre le musée. Leur quotidien devient en quelque sorte territoire muséal, ou est-ce plutôt ce lieu mythique qui s’invite dans leur vie ? Plusieurs objets sont à portée de mains, d’autres, bien sûr, placés sous vitre, mais non moins accessibles à l’œil. D’ailleurs, quelques accessoires pour les enfants ayant des déficits visuels seront disponibles afin qu’ils puissent mieux apprécier l’exposition.

Tous les sens sont ainsi sollicités dans ces pièces qui grouillent de mille et un détails, où l’œil curieux pourrait se perdre pendant plusieurs heures. Où l’ouïe attentive sera tout aussi servie, où le toucher découvrira les textures duveteuses des petits pains moelleux, où le nez se laissera envoûter par les odeurs sucrées. Seul le goût reste sur sa faim devant les gâteaux ornés de quelques framboises saupoudrées de sucre glace. Des délices qui semblent si vrais qu’on aurait envie, comme le petit Arthur, d’y mettre la dent.

L’exposition ouvrira dimanche, et tous les revenus de billetterie recueillis ce jour-ci seront remis à la Croix-Rouge pour venir en aide aux victimes du conflit en Ukraine.

Ma maison

Conception et réalisation : Musée de la civilisation à Québec. Présentée par Radio-Canada et Via Capitale avec la collaboration de Kaleido et Mode Choc. Du 29 mai 2022 au 15 mai 2027.

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