Exposition sur l'Irak et les sanctions - Le prix en vaut-il la peine? demandent des artistes

Rue Sainte-Catherine, édifice Belgo, salle 412. Une pièce silencieuse, d'un blanc éblouissant, angoissant. Au sol, sur les murs, quelques objets épars qui ne parviennent pas vraiment à meubler l'espace: des jouets, des instruments de musique, un peu de nourriture, beaucoup de seringues.

«Avec cette installation, nous avons voulu mettre en scène les objets simples et essentiels dont sont privés les Irakiens depuis plus de 12 ans», explique Caroline Harvey, auteur-compositeur-interprète — elle a déjà remporté le Concours international de la chanson de Granby — et militante à temps plus que plein pour Objection de conscience.

Au moment même où semble se tramer une deuxième Guerre du golfe, les membres du groupe montréalais se sont donné pour mission de rappeler aux Québécois que la campagne lancée par les Américains contre l'Irak en 1991 n'a jamais véritablement pris fin. Et qu'elle est soutenue — moralement et financièrement — par le gouvernement du Canada.

«Ces jours-ci, les médias parlent beaucoup de Saddam Hussein et du risque qu'il représente. Mais on ne lit jamais rien sur les bombardements quotidiens ou sur les sanctions qui étouffent le peuple de l'Irak. Ce régime de sanction est pourtant le plus sévère de toute l'histoire des Nations Unies», souligne Mme Harvey.

Lourd bilan

Les conséquences désastreuses de la stratégie du Conseil de sécurité de l'ONU pour la population civile sont pourtant bien documentées. En s'appuyant sur les rapports publiés par diverses organisations internationales, Objection de conscience soutient que plus d'un million et demi d'Irakiens, dont 600 000 enfants, sont morts depuis 1990 à cause de l'effet combiné des bombardements et des sanctions.

Dans son rapport du 29 novembre 2000, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, rapportait que la plupart des citoyens irakiens consacraient la majorité de leur revenu familial à la nourriture et que certaines familles étaient contraintes d'échanger une partie de leur maigre ration mensuelle pour satisfaire d'autres besoins essentiels.

«Avant les sanctions, le pays était l'un des plus riches du Moyen-Orient. C'était une dictature et je ne suis pas pour les dictatures. Mais l'éducation était gratuite, les livres étaient gratuits», rappelle Mme Harvey. Lors de son séjour en Irak avec les Artistes pour la paix, elle n'a pu que se désoler en constatant les ruines du système.

Pour elle, il est inconcevable que le Canada continue à générer une telle misère. «Cette exposition, c'est l'une des manières que nous avons trouvées pour dire notre désaccord. Pour signifier au gouvernement du Canada qu'on refuse qu'il donne son aval à l'anéantissement d'une population».

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