Les musées retrouvent une partie de leurs visiteurs

Sachant que les touristes internationaux étaient encore pratiquement absents en 2021, «ce qui a sauvé l’été muséal, c’est le tourisme québécois.»
Photo: Andrej Ivanov Agence France-Presse Sachant que les touristes internationaux étaient encore pratiquement absents en 2021, «ce qui a sauvé l’été muséal, c’est le tourisme québécois.»

La pandémie donne l’occasion aux Québécois de visiter davantage leurs musées, comme un étrange avantage culturel collatéral. C’est ce qu’on peut comprendre des dernières données de l’Institut de la statistique du Québec sur la fréquentation des musées au troisième trimestre. On y voit une augmentation de 75 % de la fréquentation estivale par rapport à 2020, qui a permis aux musées de récupérer plus de la moitié de leurs visiteurs habituels.

Ce qui semble une très grande croissance doit être tempéré, comme le précise d’emblée le directeur général de la Société des musées du Québec (SMQ), Stéphane Chagnon. Car le premier été de la pandémie, en 2020, qui sert d’année de référence, fut « catastrophique pour les musées. On avait eu 2,2 millions de visiteurs, comparativement à 6,9 millions [à l’été] 2019, avant la COVID-19 ».

Une erre d’aller

M. Chagnon se réjouit donc grandement des 3,8 millions de visiteurs de l’été 2021. « Les musées retrouvent une erre d’aller », malgré un grand trou dans le bassin de visiteurs. Car « l’écosystème muséal est tributaire en partie des touristes étrangers, rappelle le directeur, en partie des touristes québécois qui visitent le Québec, et en partie des groupes scolaires ».

En temps normal, 70 % des visiteurs des musées sont des touristes, c’est-à-dire qu’ils ont parcouru plus de 40 kilomètres depuis leur résidence. Puisque les touristes étrangers étaient encore pratiquement absents en 2021, « ce qui a sauvé l’été muséal, c’est le tourisme québécois ».

Les touristes intra-Québec ont en effet compté pour 54 % des visiteurs, comparativement à 20 % pour la même période ensoleillée en 2019, selon l’Enquête de provenance des publics de musée de la SMQ, qui porte sur la période du 1er juillet au 6 septembre 2021. « La composition des publics touristiques [était] tout à fait différente en 2019, alors que les touristes de l’international, incluant les États-Unis, représentaient 36 % des visiteurs », peut-on y lire.

Nous observons une augmentation de 28 % des visiteurs dans les musées situés en région éloignée depuis 2019.

La vingtaine d’institutions du Bas-Saint-Laurent ont vu, grâce aux Québécois en vacances, leur fréquentation augmenter de 13 % par rapport à 2019, selon l’Institut de la statistique. Les musées de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec ont connu, quant à eux, une hausse de 5 %. Les centres urbains ont cependant subi un ressac : la Mauricie, Montréal, le Centre-du-Québec et la Capitale-Nationale, dans cet ordre, ont noté une fréquentation plus faible qu’en 2019. L’absence de touristes étrangers expliquerait cette donnée.

Un effet de vases communicants

 

« L’hypothèse, c’est que les résidents urbains sortent en région pour leurs vacances, et vont y visiter les musées, mais que l’inverse n’est pas vrai. On pense que les résidents des régions viennent beaucoup moins en vacances à Trois-Rivières, Québec ou Montréal », suggère Stéphane Chagnon. Et ce deuxième été de vacances pandémiques aurait poussé à la découverte des régions éloignées : « Nous observons une augmentation de 28 % des visiteurs dans les musées situés en région éloignée depuis 2019 », indique la SMQ dans son Enquête.

C’est un effet de vases communicants : sans voyage possible, les Québécois vont aux musées d’ici. Au point où la SMQ « anticipe un vacuum à l’été 2023, si la pandémie se tasse. Les touristes québécois devraient alors recommencer à voyager à l’étranger, et on pense voir une moins bonne performance en région. Et une meilleure dans les musées de Montréal et Québec, avec le retour des touristes étrangers ».

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