Sur le radar: trois questions à Marie-Hélène Leblanc

L’espace de travail pour «Chercher l’ouverture»
Photo: House of Common Studio L’espace de travail pour «Chercher l’ouverture»

Le Devoir donne la parole à la directrice de la galerie UQO, cette galerie universitaire qui ne fait rien comme les autres.

Fermée en raison de la pandémie depuis vingt mois, la galerie UQO rouvre ses portes. Que retenez-vous de l’expérience et du laboratoire « Chercher l’ouverture » mis en place ?

On a eu une grosse année d’apprentissages, de rencontres. Tout se passait en ligne. On a mis en place un vaste réseau de collaborateurs, travaillé avec 89 personnes, dont 74 artistes et des gens avec lesquels on n’avait jamais osé travailler. Tout d’un coup, tout le monde était disponible. [Côté subventions], j’ai été surprise : « Chercher l’ouverture », un projet de fermeture, a été financé par les trois ordres de gouvernement. Première fois qu’on est aussi soutenus. Pour être fermés. C’est ironique. En même temps, on a été plus actifs que jamais. Mais je ne me suis jamais autant ennuyée des expositions. Les réfléchir, les produire m’a manqué.

La programmation 2021-2022 reprend-elle ce qui a été annulé en 2020 ?

Chaque exposition reportée a été modifiée à cause de la pandémie ou en regard de celle-ci. Ce n’est pas du tout la programmation qu’on aurait eue l’an dernier. [L’artiste néerlandaise] Nicoline van Harskamp devait par exemple faire une exposition sur le thème des langues. Elle en fera deux. Dans le contexte des enjeux liés au français, il est pertinent de présenter la série Englishes, qui décrit les différents anglais [en usage] et la primauté que l’anglais occupe dans le monde.

La galerie UQO rouvre avec l’exposition Franchissements, de la commissaire Véronique Leblanc. Est-elle le bilan de « Chercher l’ouverture » ?

Elle est l’aboutissement. On trouve l’ouverture, enfin. C’est un grand pas. Véronique était en résidence [depuis un an]. C’était entendu qu’elle jouerait un rôle lors de la réouverture. Sa proposition n’est pas didactique. C’est un prolongement de notre laboratoire sur le processus d’échange. Véronique a laissé la parole aux artistes, pris du recul et nous expose, comme elle l’écrit, « à la sensibilité et à la matérialité des corps qui s’éprouvent ». C’est une exposition sur le corps, en réaction à la [distanciation], qui comporte des vidéos, de la photo, une installation, ainsi qu’un texte de Marie-Andrée Gill à la mémoire de Joyce Echaquan.

Franchissements

Oeuvres de Jacynthe Carrier, Marie-Andrée Gill, Estela López Solís, Kosisochukwu Nnebe, Sanaz Sohrabi. À la galerie UQO (Gatineau), jusqu’au 29 janvier.

À voir en vidéo