Michael Merrill et les bases de la peinture

Dans Production / Paint Factory, Michael Merrill s’éprend d’un nouveau motif, l’usine qui lui fournit sa matière première, de la peinture à l’huile. Guère surprenant peut-être pour celui qui, dans la série Paintings About Art, visitait en peinture l’art des autres et leurs coulisses, révélant les contextes d’exposition comme les activités d’entreposage et de documentation nécessaires à leur existence.
La nouvelle série offre en couleurs primaires et en compositions schématiques la vue répétée de machines sans que soit dévoilée la réputée marque Golden, une entreprise familiale nichée dans l’État de New York visitée par Merrill.
Derrière le stratagème établi par l’artiste dans ses toiles, un brin d’histoire se profile. Il touche la portée générale de la fabrication de la peinture en tube sur la transformation du métier de peintre et le rôle de cette entreprise-là dans la peinture américaine, en particulier de ses canons de l’abstraction. Contre le caractère générique de l’usine, la facture du peintre, elle, s’affirme. Le travail à main levée en est sciemment révélateur.
Dans la même exposition, une série de tableautins à l’huile ravit aussi l’attention. Elle est née pendant la pandémie, alors que les frontières du confinement ont redéfini les motifs à la portée de l’artiste. L’ordinaire du quotidien côtoie les références plus pointues à l’art dans des compositions qui reviennent aux leçons élémentaires de la nature morte. Michael Merrill redonne à ce genre fondé sur l’observation du réel son pouvoir à vaincre l’ennui, prouvant encore qu’il sait avec brio allier la recherche conceptuelle avec le jeu.