«L’Infini» de l’espace, les deux pieds sur Terre

Cette exposition en réalité virtuelle offre au public la possibilité de se déplacer librement à l’intérieur de la Station spatiale internationale reproduite à l’échelle réelle.
Photo: Adil Boukind Le Devoir Cette exposition en réalité virtuelle offre au public la possibilité de se déplacer librement à l’intérieur de la Station spatiale internationale reproduite à l’échelle réelle.

On s’avance d’abord sur une petite passerelle vers une lumière éblouissante, comme une lueur du paradis. Une voix, celle d’une astronaute, nous raconte ensuite comment elle se sent avant de s’élancer vers le ciel.

Puis, on enfile notre équipement : pas une combinaison spatiale, mais un casque de réalité virtuelle. Devant nous, un seuil au-delà duquel le vide de l’espace et la Station spatiale internationale (SSI) nous attendent.

Les premières minutes de L’Infini sont vertigineuses. Cette exposition en réalité virtuelle, coproduite par les studios Phi, Felix & Paul et Time, offre au public la possibilité de se déplacer librement à l’intérieur de la Station spatiale internationale reproduite à l’échelle réelle.

Au milieu du vide

 

On avance d’abord à tâtons au milieu du vide. On se sent un peu comme si nos sens nous jouaient des tours, comme si on accomplissait l’impossible. Autour de nous, d’autres visiteurs prennent la forme d’étoiles lorsqu’ils sont à distance, mais reprennent leur silhouette humaine quand ils se rapprochent. Plus l’expérience progresse, plus on se relâche, comme si on se familiarisait avec notre nouvel espace de vie.

Le parcours d’environ 60 minutes, dont plus de la moitié en réalité virtuelle, se déroule dans un espace de 1200 mètres carrés où l’on déambule à notre guise. Chaque visiteur n’occupe pas tout cet espace, évidemment.

Photo: Adil Boukind Le Devoir «L’Infini» est présentée en collaboration avec le centre Phi.

En fait, pour permettre à une centaine de personnes d’être dans la zone virtuelle en même temps, celle-ci abrite huit représentations de la SSI, explique Julie Tremblay, productrice de L’Infini, ce qui permet à chaque nouveau groupe de visiteurs d’avoir un parcours différent et de bien se répartir dans l’espace disponible.

À l’intérieur de cette SSI virtuelle, des sphères interactives, qui sont autant de points de vue d’une caméra 3D, enclenchent des séquences cinématographiques à 360 degrés qui nous transportent dans le quotidien des astronautes et nous font découvrir des moments inédits, un peu comme si on y était avec eux. Ils nous racontent les défis, mais aussi les joies de leur travail.

Des moments de camaraderie

 

On assiste également à des moments de camaraderie entre astronautes qui ne devraient laisser personne indifférent. « À la fin, ce qu’on souhaite, c’est que les gens en ressortent avec la sensation physique d’avoir vécu ce que les astronautes vivent », résume la dramaturge Marie Brassard, conceptrice et scénariste de L’Infini.

L’expérience vise autant à informer le public qu’à l’émouvoir. L’Infini n’est pas pensé que pour les amateurs d’exploration spatiale : c’est aussi une réflexion sur l’humanité.

« Il y avait une soif de créer un événement qui ne soit pas uniquement scientifique ou descriptif, mais aussi artistique, émotif et philosophique, qui traduit tout l’émerveillement que les astronautes vivent par rapport à notre existence », explique Marie Brassard.

Après cette visite libre de la Station spatiale internationale, on franchit un autre seuil au-delà duquel on est invité à s’asseoir pour regarder (virtuellement toujours) par les fenêtres de la Cupola, l’emblématique coupole d’observation panoramique de la SSI. Ce segment contemplatif nous présente un montage fluide d’images à couper le souffle de la Terre vue depuis la Station.

Photo: Adil Boukind Le Devoir L'exposition est aussi une réflexion sur l’humanité.

« On souhaitait aussi sensibiliser les gens à la fragilité de la planète, en ce siècle qui sera marqué par les conséquences du réchauffement climatique », ajoute Marie Brassard.

Le résultat final est impressionnant, à l’image des défis logistiques qu’il a présentés. L’œuvre a exigé la coordination d’une équipe multidisciplinaire en pleine pandémie, explique Julie Tremblay, alors que chacun devait rester chez soi pour travailler sur une expérience axée sur la présence dans un espace.

Des talents de multiples horizons, allant du théâtre à l’architecture et aux jeux vidéo, ont dû développer un langage commun et une même interprétation de l’œuvre malgré la distance, dit-elle.

À défaut de pouvoir vous payer un voyage en apesanteur comme les milliardaires Richard Branson et Jeff Bezos, vous pouvez, avec L’Infini, vous offrir une expérience céleste tout en gardant les deux pieds sur Terre.

 

L’Infini

★★★★

Des studios Felix & Paul, Phi et Time. Au centre Arsenal art contemporain, du 21 juillet au 7 novembre.

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