Salvador Dali en enfer, au purgatoire et au paradis

Ce sont ces 100 et une estampes qui forment l’exposition «Divina Dali», qui prend l’affiche au Grand Quai du Port de Montréal.
Photo: Annie Rousseau Ce sont ces 100 et une estampes qui forment l’exposition «Divina Dali», qui prend l’affiche au Grand Quai du Port de Montréal.

À des siècles d’intervalle, ils se sont penchés sur les mêmes drames intérieurs, sur les mêmes interrogations existentielles et y ont consacré le sommet de leur art.

Respectivement dans le domaine de la littérature et dans celui des beaux-arts, Dante Alighieri et Salvador Dali ont livré des œuvres monumentales. Elles sont réunies à Montréal cet été dans une exposition qui explore une facette moins connue du grand peintre espagnol : les 100 et une estampes que Salvador Dali a réalisées pour illustrer les poèmes de la Divine Comédie et souligner le 700e anniversaire de la naissance de Dante Alighieri, en 1965.

Ce sont ces 100 et une estampes qui forment l’exposition Divina Dali, qui prend l’affiche au Grand Quai du Port de Montréal. Loin des grandes toiles surréalistes au tracé chirurgical de Dali, ses plus connues, on y retrouve des œuvres utilisant l’aquarelle, plusincarnées, plus intimes, voire plus troublantes.

Photo: Robert Descharnes Descharnes Descharnes SARL L’œuvre de Dali était basée sur «la paranoïa critique», explique Félix Bélanger, idéateur de l’exposition et passionné du peintre espagnol.

Félix Bélanger, idéateur de l’exposition et passionné de l’œuvre de Dali, explique que la manière de travailler du maître était basée sur « la paranoïa critique ». « Il prenait le rêve, il le créait sur une œuvre, il le travaillait pour pouvoir nous le remettre et qu’il redevienne rêve chez nous. Dali a beaucoup aimé Dante. Il s’est retrouvé chez Dante d’abord parce que Dante a fait la même chose. Il nous a livré avec la Divine Comédie un texte grandiose qui laisse place à l’interprétation. »

Un voyage intérieur

 

Comme la Divine Comédie de Dante, l’exposition Divina Dali nous fait traverser l’enfer, puis le purgatoire, avant d’arriver au paradis.

À travers ces concepts d’enfer véhiculés par l’Église, Dante, qui croyait par ailleurs à la nécessaire séparation de l’Église et de l’Empire, propose de faire un voyage intérieur, fait remarquer Félix Bélanger. « Pour Dante, il fallait traverser en tant qu’être humain son propre enfer […] pour ensuite passer au purgatoire et réfléchir sur son humanité et voir si on allait pouvoir se rendre au paradis. Pour lui, le paradis, c’était la félicité, c’était être élevé. Et qui l’attend là ? Béatrice, sa muse », poursuit Félix Bélanger, qui ajoute que Dante, comme Dali, croyait à la rédemption de l’homme par l’amour.

Selon le commissaire de l’exposition, Raynald Michaud, le purgatoire a d’ailleurs été en quelque sorte « inventé » un peu avant que Dante n’écrive la Divine Comédie. « Cela n’existe pas dans la Bible, le purgatoire. Il y a le paradis et il y a l’enfer », dit-il. Dans l’œuvre de Dante, comme dans celle de Dali, on rencontre « les travers, comme les beaux côtés des humains ».

L’exposition présente aussi une toile créée par Salvador Dali pour le tournage du film Spellbound, d’Alfred Hitchcock, en 1944, « dont la trame principale est la psychanalyse », explique Félix Bélanger.

 

Divina Dali

Au Grand quai du Port de Montréal, dès le 16 juillet

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