Bisbille au Musée des beaux-arts de Montréal

Le Musée des beaux-arts de Montréal
Photo: Andrea Wright Flickr CC Le Musée des beaux-arts de Montréal

Des tensions internes secouent le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) et pourraient mener à des changements à la tête de l’institution, selon les informations colligées par Le Devoir.

Le président du conseil d’administration, Michel de la Chenelière, a ainsi refusé mercredi de confirmer au Devoir que la directrice générale et conservatrice en chef, Nathalie Bondil, sera encore en poste au terme de la journée. Une réunion du conseil d’administration a été convoquée jeudi.

« Je ne peux pas vous dire ça, ce sont des choses très confidentielles », a répondu M. de la Chenelière. Quand on lui a posé la question à l’envers — c’est-à-dire est-ce que les rumeurs faisant état d’un départ de Mme Bondil sont fondées ? —, Michel de la Chenelière a réitéré qu’il ne pouvait « rien dire ». Mais il n’a rien démenti.

Personnage flamboyant, Nathalie Bondil dirige le MBAM depuis 2007 — la fréquentation du musée a doublé depuis son arrivée. Elle avait été pressentie en 2013 pour diriger le Musée du Louvre, première institution culturelle de France. Elle est aussi vice-présidente du conseil d’administration du Conseil des arts du Canada. Son mandat à Montréal devait courir jusqu’en 2021.

Jointe brièvement par téléphone mercredi, Nathalie Bondil a indiqué qu’elle n’était pas disponible pour parler.

Un choix contesté ?

Les remous au MBAM surviennent quelques jours après la confirmation de la nomination de Mary-Dailey Desmarais à titre de directrice de la conservation.

La création de ce nouveau poste a été décidée « à la suite [d’un] diagnostic du climat de travail » et dans le but de permettre à Mme Bondil de « se concentrer sur le caractère stratégique de ses responsabilités, la vision et le contenu artistique du MBAM », indique un document interne obtenu par Le Devoir et signé par le comité de direction du MBAM.

Or, un autre document interne consulté mercredi montre que Mme Desmarais est arrivée en quatrième place — parmi quatre finalistes — au classement de la « grille de compétences » élaborée pour guider le processus de sélection.

La candidate qui s’est classée première avait obtenu une note presque parfaite (175 points sur 180), loin devant Mme Desmarais (97,5 points). Le manque d’expérience générale de cette dernière lui a coûté plusieurs points.

Le document du comité de direction révèle que celui-ci privilégiait la première candidate, dont le parcours professionnel était jugé « impressionnant » et en « conformité avec le profil » recherché pour le poste.

Mais dans cette lettre, Nathalie Bondil faisait aussi une « proposition » personnelle : celle de créer un poste de conservatrice en chef adjointe pour Mary-Dailey Desmarais, parce qu’elle « démontre d’excellentes relations interpersonnelles, une rigueur dans le travail et la volonté d’être un leader ».

Mme Bondil disait vouloir « continuer de la soutenir dans son épanouissement professionnel » pour qu’elle « puisse acquérir un leadership dans de bonnes conditions ». Sa proposition n’a pas été retenue.

« Bien choisie »

Reste que, selon Michel de la Chenelière, Mme Desmarais était « extrêmement bien pointée » dans la grille d’évaluation et représentait en fait la « meilleure candidature ». « Le comité [des ressources humaines] l’a recommandée et le conseil d’administration a approuvé à l’unanimité » ce choix, a-t-il dit mercredi. « Le processus a été rigoureux, elle a été vraiment bien choisie. »

Dans le communiqué de presse diffusé lundi par le MBAM, Mme Bondil promettait d’apporter son « entier soutien à Mary-Dailey pour que le MBAM continue de grandir ».

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