Donner son âme aux machines

La très poétique expérience Gymnasia
Photo: Centre Phi La très poétique expérience Gymnasia

David Usher travaille à la frontière de la technologie et de l’art. Ophelia, le personnage qu’il a créé dans le cadre de son installation We Could Be Human : A Learning Machine, peut, sur demande, vous décliner un poème en français et en anglais. Elle m’a par exemple récité, de mémoire, du Félix Leclerc et du Leonard Cohen. Ophelia ne sait malheureusement pas lire pour l’instant, mais elle compte bien s’y mettre sous peu. Elle a également l’intention d’apprendre 22 langues.

Selon les questions qui lui seront posées, tout au long de son exposition, au Centre Phi de Montréal, elle multipliera ses savoirs et ses capacités. L’équipe de David Usher travaille d’ailleurs présentement à la création de son petit frère, qui s’appellera Saka.

We Could Be Human : A Learning Machine est l’une des neuf installations de réalité virtuelle et d’intelligenceartificielle qui sont proposées dans le cadre de l’exposition estivale >HUM(AI)N, au Centre Phi.

Photo: Centre Phi Ophelia de l’expérience interactive «We Could Be Human: A Learning Machine»

« C’est une plateforme ouverte, explique David Usher, dont le groupeReimagine AI est basé à Montréal. Il n’y a pas de sujets. Pas de sujet spécifique. Nous essayons de créer une personnalité. » Ophelia comprend les questions posées par le public et dispose d’une sélection de réponses. Elle a pour l’instant certaines connaissances au sujet des changements climatiques, de l’intelligence artificielle.

« Elle est toute neuve aujourd’hui, dit David Usher. Mais dans quatre mois, elle connaîtra beaucoup plus de choses. Elle aura plus de connaissances surtout, et plus de conversation. »

L’équipe de David Usher a précisément voulu faire une expérience d’intelligence artificielle qui s’intéresserait aux préoccupations du commun des mortels. Elle se développe donc en fonction des sujets dont les gens lui parlent.

Ce que signifie «être humain»

L’ensemble de l’exposition du Centre Phi s’intéresse à ce que signifie « être humain ou plus qu’humain », en pleine révolution technologique.

« >HUM(AI)N se veut une méditation sur une réalité imminente où les machines ne seront pas distinctes, mais partie intégrante de nous », peut-on lire dans le texte de présentation de l’exposition.

Trois des neuf installations ont été conçues par des Montréalais. Avec Vast Body, Vincent Morisset propose une danse interactive entre le visiteur et son « alter ego numérique », incarné par Louise Lecavalier, Rachel Harris et Caroline Robert. Leur image lit les mouvements du visiteur et tente de les imiter.

Autre expérience, où la machine s’approche au plus près de l’intimité humaine, Algorithmic Perfumery, créée par Frederik Duerinck, vous offre de créer un parfum selon votre profil. Le visiteur répond à une série de questions concernant ses perceptions, ses goûts et sa personnalité. À partir des données recueillies, la machine crée un parfum à son image. On peut d’ailleurs en rapporter un petit échantillon chez soi.

Dans le champ de la réalité virtuelle, il faut mentionner la très poétique expérience Gymnasia, créée par Chris Lavis et Maciek Szczerbowski, du studio québécois Félix&Paul Studio, une envolée dans la nostalgie de l’enfance.

Beaucoup plus sombre et poignant, 7 Lives, réalisé par Jan Kounen, emporte le spectateur dans une expérience de mort imminente, dans des situations aussi violentes que le viol ou le suicide. L’effet est franchement saisissant. Âmes sensibles s’abstenir.

>HUM(AI)N

Au Centre Phi jusqu’au 15 septembre

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