Une collection qui s'enrichit sans cesse

Martine Letarte Collaboration spéciale
Le Cabinet de curiosités évoque le salon des collectionneurs.
Photo: Musée des beaux-arts de Montréal Le Cabinet de curiosités évoque le salon des collectionneurs.

Ce texte fait partie du cahier spécial Musées

Après avoir reçu plus d’une centaine de tableaux du couple de mécènes Michal et Renata Hornstein, dont sa collection de 77 œuvres de maîtres anciens en 2012, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) a dû construire un nouvel édifice pour les exposer. C’est le Pavillon pour la Paix Michal et Renata Hornstein. Inauguré en novembre, il présente quatre étages d’exposition permanente, dans laquelle on a également intégré des pièces contemporaines, pour un total de 750 oeuvres. On peut y admirer les plus grands noms de la peinture, de Rembrandt à Picasso en passant par Basquiat.

« La donation de Michal et Renata Hornstein au MBAM est la plus importante du genre dans l’histoire du Canada », affirme Hilliard Goldfarb, conservateur senior, Collections, et conservateur des maîtres anciens, au MBAM.

La collection couvre plusieurs siècles, de la Renaissance à l’avènement de l’art moderne. Elle se distingue particulièrement par plusieurs peintures hollandaises et flamandes de l’Âge d’or (XVIIe siècle).

Comme le couple de mécènes passionné d’art n’a pas donné de restrictions à l’institution muséale, il a été possible d’intégrer ces oeuvres avec d’autres de la collection permanente.

Par exemple, la donation comprend l’œuvre de Lievens Vieux savant dans son cabinet. Le MBAM a donc choisi de l’accrocher aux côtés du Rembrandt Portrait de jeune femme (Magdalena van Loo ?) qu’il avait déjà dans sa collection.

« Les deux peintres ont deux ans de différence, ils sont originaires de la même ville dans les Pays-Bas, ils ont étudié à Amsterdam avec le même maître, ils ont travaillé en proche collaboration pendant plusieurs années et plusieurs pensent qu’ils auraient même partagé un studio, indique Hilliard Goldfarb. Leurs styles sont devenus très semblables à cette époque. »

Du côté de la grande tradition flamande de représentation de paysages, on trouve notamment le tableau Grand paysage de montagne avec voyageurs et mendiants (vers 1620) de Joos de Momper le Jeune et Jan Bruegel le Vieux dit de Velours. Imposante, cette toile s’étend sur plus de deux mètres de large.

Le célèbre tableau de Waldmüller confisqué par les nazis

 

Ceux qui ont regardé le documentaire L’héritier, ou vu le passage de sa réalisatrice Édith Jorisch à Tout le monde en parle à l’automne, seront heureux de pouvoir apercevoir dans ce pavillon l’oeuvre de Waldmüller Enfants rentrant de l’école. Ce tableau appartenait à la famille de Georges Jorisch et il aurait dû lui revenir, avec deux autres tableaux de Klimt. Or, ces oeuvres avaient été confisquées par les nazis. Georges Jorisch, Autrichien d’origine installé à Montréal depuis 1957, s’est démené pendant de nombreuses années pour récupérer ces tableaux. Et, il a réussi. C’est cette quête que sa petite-fille, Édith, a racontée dans L’héritier.

Georges Jorisch est décédé en 2012 et ce tableau de Waldmüller a été offert au MBAM en guise de reconnaissance pour l’hospitalité que lui a offerte la ville de Montréal.

Intégration d’oeuvres contemporaines

Les dons de Michal et Renata Hornstein comprennent également des oeuvres plus modernes, comme Au théâtre : femme assise au balcon (vers 1877-1880) de Degas. Puis, l’ouverture d’esprit des mécènes permettait aussi de présenter de l’art contemporain aux côtés des oeuvres de leur donation.

« La vision de Nathalie Bondil [directrice générale et conservatrice en chef du MBAM] était vraiment de créer un concept de galeries afin d’intégrer le contemporain et les maîtres anciens », explique Hilliard Goldfarb.

On a choisi par exemple d’exposer deux oeuvres de Picasso : Étreinte et Tête d’un mousquetaire (le cardinal de Richelieu ?).

Le MBAM présente également deux oeuvres de Jean-Michel Basquiat, superstar de la peinture new-yorkaise, décédé d’une surdose à 27 ans. On peut voir Marine (1983) et Un comité d’experts (1982).

Pour l’inauguration du Pavillon qui s’inscrit dans le cadre des fêtes du 375e anniversaire de Montréal et du 150e de la Confédération canadienne, le MBAM a également pu bénéficier de prêts de collectionneurs montréalais, canadiens et internationaux.

C’est ainsi qu’on peut admirer en ce moment l’oeuvre de Mark Rothko Sans titre (Rouge sur rouge) réalisée en 1969.

Le très célèbre Andy Warhol est également présent grâce au prêt de Campbell’s Chicken Noodle Soup Box, une oeuvre créée en 1986.

Vivre plusieurs expériences

 

Le MBAM souhaitait que les visiteurs de la collection permanente du Pavillon pour la Paix Michal et Renata Hornstein vivent différentes expériences.

D’où l’intérêt par exemple d’avoir créé le Cabinet de curiosités, où les visiteurs peuvent prendre le temps de s’asseoir pour observer les oeuvres dans cet espace qui évoque le salon des collectionneurs. Ou encore, d’avoir osé l’atmosphère nocturne grâce à des projections pour l’époque romantique.

« On trouve plusieurs atmosphères, beaucoup de textes qui permettent de comprendre le contexte des oeuvres, des écouteurs pour entendre de la musique : la sensibilité artistique des visiteurs peut être touchée de différentes façons, tout dépendant de l’état dans lequel ils visitent le musée ce jour-là, et c’était très important pour nous », affirme Hilliard Goldfarb.

Même si elle se dit permanente, la collection internationale évolue.

 

« Nous continuons constamment de faire des acquisitions pour permettre à la collection de continuer de croître », ajoute M. Goldfarb.

Le Pavillon pour la Paix Michal et Renata Hornstein compte 5000 mètres carrés. Grâce à deux agrandissements en cinq ans, la superficie totale du MBAM a augmenté de 30 % pour atteindre 53 000 mètres carrés et sa fréquentation a doublé. En 2016, il a accueilli plus d’un million de visiteurs et compte plus de 100 000 membres.

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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