L’événement Pierre Ayot

Marie-Ève Charron Collaboration spéciale
Pour la rétrospective de Pierre Ayot, une réplique de son œuvre «La croix du mont Royal» sera installée au pied de la montagne. Elle faisait partie de l'événement «Corridart» (1976) dont le controversé démantèlement est passé à l’histoire.
Photo: Gabor Szilasi Succession Pierre Ayot SODRAC Pour la rétrospective de Pierre Ayot, une réplique de son œuvre «La croix du mont Royal» sera installée au pied de la montagne. Elle faisait partie de l'événement «Corridart» (1976) dont le controversé démantèlement est passé à l’histoire.

La scène des arts visuels conjugue talents d’ici et d’ailleurs. Les pôles local et international seront respectivement incarnés dans deux événements d’envergure, répartis dans les galeries et les centres d’artistes. Pas nouvelle, la dynamique de la mondialisation, misant sur la mobilité, avive ses forces sans que l’ancrage local soit en reste.

Un véritable événement se prépare autour de Pierre Ayot (1943-1995), figure québécoise ayant marqué les années 1960-1980. BAnQ agira comme locomotive avec une exposition regroupant une centaine d’oeuvres et des archives, dès le 4 octobre. Le travail de l’artiste multidisciplinaire est connu pour son imagerie pop, mais le commissaire Nicolas Mavrikakis, critique d’art en ces pages, entend bien le montrer sous un jour nouveau, « plus contestataire » et en phase avec les enjeux sociopolitiques de son époque.

La rétrospective s’annonce différente des expositions précédentes consacrées à cet artiste dont la mémoire est honorée chaque année, depuis 1996, par la remise du prix de la Ville de Montréal à son nom, qui souligne l’effervescence de jeunes carrières. Il a lui-même longtemps oeuvré comme enseignant, à l’UQAM, tout en restant actif au sein de l’Atelier Graff, un centre de production en gravure créé par lui il y a 50 ans.

En écho sans doute à son action dans la communauté, d’autres expositions se grefferont à la centrale, étoilant ainsi la présence de l’artiste dans un périmètre élargi de la ville. Durant l’automne, la galerie Graff, la Fondation Guido Molinari, la galerie Joyce Yahouda, le centre d’artistes B-312 et le Musée d’art de Joliette se pencheront sur différents aspects de sa pratique, jaugeant aussi son legs chez les générations suivantes.

Photo: Gabor Szilasi Succession Pierre Ayot SODRAC Pour la rétrospective de Pierre Ayot, une réplique de son œuvre «La croix du mont Royal» sera installée au pied de la montagne. Elle faisait partie de l'événement «Corridart» (1976) dont le controversé démantèlement est passé à l’histoire.

Visant plutôt le créneau international, le centre Vox, la galerie SBC et la galerie Leonard Bina Ellen vont dès la fin du mois d’août offrir de concert une exposition majeure concoctée par les commissaires invitées Sabeth Buchmann, Ilse Lafer et Constanze Ruhm, toutes trois basées à Vienne. La répétition mise à l’épreuve est l’intitulé chapeautant l’exposition de groupe qui se partage en trois volets aux sous-thèmes prometteurs : « Il s’agit de modelage, non de modèles », « À suivre : répétitions inachevées » et « En cours de production : l’image post-dramatique ».

Par cette formule, le trio veut étudier à fond la notion de répétition, mieux et plus naturellement considérée au théâtre et en musique, alors que plusieurs artistes des arts visuels l’intègrent dans leur processus de création ou l’élisent comme sujet. À l’image des projets diffusés habituellement dans ces lieux, des préoccupations théoriques colorent l’événement dont le copieux menu affiche des noms en majorité issus de l’étranger, en particulier du circuit européen. Performances, stratégies conceptuelles et codes du cinéma détournés fondent entre autres les pratiques rassemblées de figures consacrées (Harun Farocki, On Kawara, Yoko Ono) aux côtés de plusieurs autres, à découvrir.

Déménagements et anniversaires

 

Sur le terrain, des galeries font preuve de longévité, confortant leur présence dans le milieu, et le soulignent cet automne par des expositions collectives de leurs artistes : 30 ans pour René Blouin ; 20 ans pour Art Mûr qui, en quête de nouveaux horizons, ouvre son antenne à Leipzig. Un temps nouveau se présente pour la galerie Pierre-François Ouellette (PFOAC) qui a déménagé ses pénates rue Rachel, à la place de Graff. Dotée désormais d’une vitrine, PFOAC y mettra en valeur la sculpture Janus de Maskull Lasserre, en prélude à une exposition de groupe (24 septembre). Quant à la galerie Graff, elle a migré au Belgo tandis que l’Atelier s’est joint au Cabinet, centre dédié à la photographie, pour créer un nouveau lieu de production dans l’est de la ville.

Du côté de Québec, la foire en art actuel (24 au 27 novembre) continue d’agir comme important catalyseur avec sa particularité de mettre en vue le travail d’artistes sans galerie. Aux espaces de l’Oeil de Poisson s’ajoutent ceux du centre d’artistes Vu pour cet événement dont l’autre marque distinctive est de prendre la forme d’une exposition de groupe avec commissaire, rôle joué cette année par Emmanuel Galland.

Des solos

 

Patrick Bernatchez est associé depuis quelques années à la galerieBattat, mais y aura son premier solo cet automne avec des oeuvres sur papier, des miroirs gravés et des cyanotypes, amorçant un autre cycle dans sa production. Pour exposer son nouveau corpus d’oeuvres, visitant les confins pollués de la région de Salton Sea, Isabelle Hayeur passe du côté de la galerie Hugues Charbonneau avec qui désormais elle fera équipe. Recrutée par la galerie AntoineErtaskiran, Jessica Eaton, dont le travail revisite les conventions et l’histoire formalistes, y aura sa première exposition personnelle dès septembre.

Partenariats passés et résidences d’artistes définissent également le mouvement dans les programmations. Patrick Bérubé revient un peu chez lui à la Maison des arts de Laval où il a intégré en 2015 une oeuvre à l’architecture. Cette fois il occupera l’espace d’exposition avec un ambitieux projet développé avec la commissaire Bénédicte Ramade, soulignant 10 ans de carrière. Le défi d’habiter la très spacieuse salle de la Fonderie Darling est confié en début de saison à Julie Favreau. Après trois ans de résidence dans un des ateliers connexes à cet espace, son exposition fera de la visite une expérience hautement sensorielle.

Au tour de Yann Pocreau d’avoir un atelier dans l’édifice de Griffintown, mais c’est à la Galerie de l’UQAM qu’il a passé l’été, participant au programme de résidence. Le résultat en salle, visible à partir de mardi, met en scène le patrimoine du CHUM, sur fond de l’histoire personnelle de l’artiste. Avant qu’il ne disparaisse pour faire place à la nouvelle construction, l’hôpital Saint-Luc verra sa mémoire architecturale et humaine prise à coeur dans un projet nimbé de lumière.

Une première : vernissage commun au Pôle de Gaspé

Les centres d’artistes ouvriront ensemble leurs expositions lors d’une soirée festive, avec vidéo mapping, bar, bouffe et DJ.

Qui : Atelier Circulaire, Centre Clark, Dazibao, Diagonale, Occurrence, Optica, Perte de signal et TOPO.

Quand : 8 septembre, de 17 h à minuit.

 : au rez-de-chaussée du 5445-5455 avenue de Gaspé, à Montréal.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.



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