L’expérience gaspésienne qui mène loin

New York en Gaspésie, plus particulièrement les couleurs éclatantes de la Grosse Pomme dans les verts environs des Chic-Chocs : est-ce possible ? Oui, grâce aux Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie, un événement estival qui se pointe cette année pour la septième fois.
Les images de Manhattan, ce sont celles du coloriste montréalais de grande réputation Robert Walker. Celui qui photographie New York depuis les années 1980 expose une série d’images sous l’intitulé Times Square Gothic, dans le sentier de randonnée de la chute Sainte-Anne, secteur du mont Albert.
« Ce qu’on essaie chaque année, c’est d’offrir une expérience visuelle, autant pour les artistes que pour le public. Que l’expérience amène plus loin », reconnaît Claude Goulet, adepte des contrastes « flagrants » comme celui proposé par des vues de New York perchées dans les arbres du parc national de la Gaspésie. « C’est voulu. Quel intérêt sinon de mettre des photos de nature en pleine nature ? »
Claude Goulet était de passage à Montréal cette semaine, alors que les 7es Rencontres roulent depuis un mois. Un vaste panorama de la photographie actuelle s’étale ainsi bien au-delà du mont Albert. De Cap-Chat à Matapédia, ce sont dix-sept sites qui accueillent les projets de l’un ou l’autre des 32 artistes invités, québécois, surtout, comme étrangers.
Le parc national de la Gaspésie ne participe d’ailleurs que pour la première fois à cet événement. Le festival se targue dès lors de réunir les quatre grands sites naturels de la région. Le parc national Forillon loge Emmy’s World, de la Néerlandaise Hanne van der Woude, une installation vidéo et photo sur des personnes âgées, acclamée par la critique. Au parc national de l’Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé, les Rencontres proposent, du Français Laurent Mulot, un travail vidéo et audio réalisé lors d’une résidence en Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent. Au parc national de Miguasha a atterri un exemple d’un parcours photographique et critique proposé par l’artiste locale, Maryse Goudreau, et intitulé Les cabanes devraient toujours être belles.
Plusieurs villes ou villages sont concernés par la manifestation en cours jusqu’à la fin de septembre. De la région La Pointe, y participent Petite-Vallée, Gaspé, Percé et Chandler, et, de la baie des Chaleurs, neuf autres municipalités, dont la nouvelle venue Caplan, où est exposé un reportage de Zayne Akyol, documentariste prometteuse basée en Montérégie, sur des combattants kurdes.
Photo et vidéo
Pour cette 7e édition, Claude Goulet a réuni ses invités sur le thème de l’image en mouvement. Bien que les projets vidéographiques ou filmiques soient nombreux — outre ceux déjà cités, notons ceux de Michel Lamothe, de Serge Clément ou de Catherine Tremblay —, le programmateur en chef assure ne pas vouloir se confiner à un genre. La photographie, elle, a déjà éclaté et la Gaspésie en rend elle aussi compte.
« Deux ans qu’on touche à la vidéo. Oui, cette année, c’est la ligne directrice, mais on ne s’enferme pas dans le thème », assure Claude Goulet. Il note cependant que le thème est assez ouvert pour couvrir large. « L’artiste nous propose une interprétation, nous, une autre. Est-on dans le réel ou non ? L’image en mouvement, c’est tout ça, pas seulement la vidéo. »
Comme son nom l’indique, le festival gaspésien repose sur une série de rencontres, notamment entre les artistes et le public. Le pic, devenu la tradition à mi-parcours, consiste en quatre jours d’activités de médiation, de projections spéciales et de conférences, intitulés Tournée des photographes. La version 2016 de la Tournée prend place jusqu’au 21 août.