Une collection de calibre international

Ce texte fait partie du cahier spécial Musées
En 2017, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) inaugurera le nouveau pavillon pour la paix Michal et Renata Hornstein, où l’on pourra admirer 700 oeuvres de sa collection permanente. Parmi ces oeuvres, la collection Hornstein, don majeur du couple de mécènes montréalais, non seulement enrichit la collection permanente du MBAM, mais l’aidera à mieux se positionner dans le circuit international des expositions.
« En matière de dons d’oeuvres d’art, c’est le don le plus important de l’histoire moderne du Québec, dit Nathalie Bondil, directrice et conservatrice en chef du MBAM. La collection Hornstein est importante parce qu’elle enrichit notre collection en art international et en maîtres anciens. »
Maîtres hollandais et flamands
La collection Hornstein comprend 70 oeuvres, principalement des tableaux de maîtres anciens hollandais et flamands du XVIIe siècle. D’origine polonaise, Michal Hornstein est arrivé au Canada en 1951 après avoir fui la guerre. Son histoire est digne d’un scénario de film : après avoir été arrêté pour être déporté au camp d’Auschwitz, il a sauté du train qui l’emmenait vers une mort certaine et s’est caché dans la forêt. Il a commencé sa collection d’art à Rome en 1951, avant d’émigrer au Canada où il a fait fortune en affaires, notamment dans l’immobilier. Lui et son épouse Renata sont d’importants philanthropes à Montréal, non seulement dans le domaine des arts, mais aussi dans celui de la santé. Le pavillon qui portera leur nom et ouvrira ses portes en 2017 a été construit au coût de 18,5 millions et sera inauguré dans le cadre des fêtes du 375e anniversaire de Montréal.
« C’est une collection privée unique au Canada, célèbre pour ses maîtres hollandais du siècle d’or, mais qui comprend aussi des peintres italiens et français, dit Hilliard T. Goldfarb, conservateur senior aux collections et conservateur des maîtres anciens au MBAM. Ce qui est merveilleux, c’est que cette collection donne un véritable survol de cette période artistique. Il y a beaucoup de paysages et de natures mortes remarquables. Elle inclut, entre autres, un fabuleux paysage panoramique alpin de Joos de Momper des années 1620 de très grande valeur. La collection réunit également pour la première fois depuis des siècles deux portraits du peintre flamand Pieter Pourbus. Il s’agit de portraits d’un couple, des portraits de mariage, qui avaient été séparés il y a longtemps. »
Parmi les autres peintres à faire partie de cette collection, mentionnons les noms de Jan Asselyn, paysagiste ami de Rembrandt, Jan Brueghel dit le Vieux, fils cadet de Pieter Brueghel le Vieux, Osias Beert l’Ancien, Cornelis Van Haarlem, Bartholomeus Breenbergh et Adam Pynacker.
Impact international
« Il faut comprendre que dans le circuit des expositions internationales, les collections d’art international sont très importantes parce qu’elles ont un large rayonnement, dit Nathalie Bondil. Le don des Hornstein renforce notre collection et nous permet d’être plus forts sur la scène internationale. Avec ces peintures de grande valeur, nous allons avoir la collection en maîtres hollandais la plus importante du Canada. »
À l’échelle canadienne, la collection permanente du MBAM, dans l’ensemble, est déjà imposante.
« La collection internationale du MBAM est unique au Québec et c’est une des plus importantes au Canada, ajoute la directrice. Nous sommes le seul musée au Québec à avoir des oeuvres de Picasso, Monet, Renoir, Rodin, Véronèse, Goya, Poussin. Ce sont des oeuvres très importantes qui, maintenant, sont extrêmement difficiles, voire impossibles, à acquérir sur le marché. Nous avons des oeuvres qui voyagent dans le monde entier, qui vont en Europe et aux États-Unis, des tableaux reconnus sur la scène internationale. »
Pour un musée, le fait de posséder des oeuvres importantes facilite la tenue d’expositions d’envergure en permettant d’emprunter gratuitement des oeuvres à d’autres musées, explique la directrice.
« Quand vous voulez organiser une grande exposition sur un artiste, c’est comme une chasse au trésor. Il faut aller chercher ces oeuvres une par une et convaincre d’autres musées de nous les prêter. Cela aide beaucoup de déjà avoir, dans sa collection permanente, une ou des oeuvres importantes du même artiste. Par exemple, cela aurait été beaucoup plus difficile d’organiser l’exposition d’Otto Dix si nous n’avions pas déjà eu une oeuvre majeure d’Otto Dix dans notre collection. Pour emprunter des oeuvres, il faut avoir une légitimité, avoir en mains quelque chose à prêter en échange. Cela nous permet de collaborer avec de très grands musées internationaux comme le Louvre. »
Dans un contexte où les budgets d’acquisition des musées du Québec sont minces comparativement à ceux des grands musées internationaux et du reste du Canada, l’impact d’un don comme la collection Hornstein est donc exceptionnel.
« En art ancien, il est extrêmement difficile d’emprunter des oeuvres. Dans un sens, c’est comme si les Hornstein, en plus de nous donner leur collection, nous avaient donné du temps. Ils ont commencé à collectionner il y a très longtemps, à une époque où c’était encore possible d’acquérir ces oeuvres de maîtres anciens. Une collection, c’est du temps, de la passion et du travail. C’est un projet qui se développe à long terme. Le coeur d’un musée, c’est sa collection permanente. C’est un patrimoine qui s’enrichit avec le temps et que l’on garde pour les générations futures. »
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