Le MBAM récupère une oeuvre antique volée

Une des deux sculptures de l’Antiquité volées au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) il y a plus de deux ans a été retrouvée à Edmonton. L’autre manque toujours et la Sûreté du Québec (SQ) fait appel à la vigilance du public pour tenter de la retrouver.
L’oeuvre récupérée le 22 janvier, un fragment de bas-relief perse datant du Ve siècle av. J.-C., est évaluée à 1,2 million de dollars. Elle représente la tête d’un garde et une lance. Elle a été payée « une somme ridicule », quelques centaines de dollars seulement, par un Albertain.
Il n’a pas commis le vol du 3 septembre 2011, mais il sera accusé de recel, selon ce qu’expliquait jeudi le capitaine Richard Gauthier de la SQ, à la tête de la division des crimes économiques. La conférence de presse était organisée au quartier général de la Sûreté, à Montréal.
Des informations fournies par le public ont permis de remonter la piste jusqu’à un appartement d’Edmonton. La police espère que de nouveaux indices permettront de retrouver le voleur, mais aussi le second artefact volé. Il s’agit d’une tête d’homme en marbre jaune dans le style égypto-archaïsant datant du Ier siècle avant notre ère. Elle fait environ 20 cm de hauteur, comme l’oeuvre retrouvée.
Le larcin a été commis pendant les heures d’ouverture du musée. Les caméras de surveillance ont capté le larcin qui a obligé le voleur à casser l’encrage des deux sculptures présentées sur socle mais pas sous vitrine.
Danielle Champagne, la directrice de la Fondation du MBAM, explique que le musée n’a pas eu à réviser de fond en comble ses mesures de sécurité puisque les vols y sont extrêmement rares. Le dernier remonte à 1972. « Notre système de sécurité est très bien organisé et très bien structuré, dit-elle. On a des agents de sécurité, des caméras. Je ne veux pas entrer dans les détails, mais [je rappelle] que des banques aussi se font voler malgré leurs systèmes de sécurité. »
Le « vol du siècle » de 1972 a eu lieu pendant la nuit. Une équipe de monte-en-l’air a pénétré les salles par les toits pour y dérober des joyaux de la collection, dont un Rubens, un Rembrandt et un Delacroix qui n’ont jamais été retrouvés.
John M. Fossey, conservateur émérite d’archéologie méditerranéenne du MBAM, explique que beaucoup d’oeuvres orientales ont été pillées pour enrichir les collections privées et publiques d’Occident. « On en retrouve partout parce que ces bas-reliefs et ces statuettesdécoraient tous les palais de Perse, dit-il. Ce sont des pièces magnifiques, très bien préservées. »
C’est lui qui est allé récupérer le bas-relief à Edmonton. Il rappelle que depuis la fin des années 1970, il est tout simplement interdit d’importer de tels trésors archéologiques au Canada.
« Il faut prendre conscience qu’il existe plusieurs formes de vol, dit M. Fossey qui est également professeur à l’Université McGill. On peut être un voleur en dérobant un musée. On peut être un plus grand voleur encore en pillant un site archéologique. […] Beaucoup des oeuvres dans les musées ont été dérobées à la fin du XIXe siècle. Mais c’était comme ça à l’époque et il y avait un marché pour ces oeuvres. Maintenant, nous savons que la valeur d’une oeuvre dépend de son contexte d’origine. En tant qu’archéologue, c’est la première valeur qui m’intéresse. »