Phénomena - Le corps féminin comme porte-étendard

Le détournement du corps féminin par les Femen pour protester contre le crucifix à l’Assemblée nationale a eu des allures d’électrochoc pour plusieurs. Pas pour les familiers des Fermières obsédées qui, depuis plus de treize ans maintenant, creusent un sillon similaire à coups de performances déjantées. Les revoici ce lundi au Bain Saint-Michel, à l’invitation de Phénomena, gainées de leur uniforme de chair et portées par un climat social qui rend leur proposition plus subversive que jamais.
Formées aux arts visuels, Annie Baillargeon et Eugénie Cliche ont fondé les Fermières obsédées alors qu’elles étaient encore étudiantes. « Au début, ça nous choquait de voir qu’on nous accolait le titre de féministes, raconte Eugénie. Dans notre esprit, ça venait travestir notre démarche artistique. Nous, on présentait une œuvre, une prestation, et parce qu’on était des jeunes femmes, avec des thèmes qui nous touchaient nous, on concluait tout de suite à une démarche féministe. »
Le temps aidant, l’étiquette est devenue moins lourde à porter, poursuit Eugénie. « On s’est affranchies de cette peur-là, de cet agacement. Aujourd’hui, on assume pleinement cette part de nous-mêmes. » Les deux artistes ne nient d’ailleurs pas certaines parentés avec le mouvement Femen, né en Ukraine, en 2008. Tout comme les Femen, les Fermières travaillent en effet beaucoup sur l’endoctrinement, l’uniformisation et l’engagement des corps. « La conformité, on joue avec ça depuis toujours, confirme Annie. Au début, on s’habillait comme des écolières. Avec la jupe, la chemise blanche, les belles perruques, on avait l’air de bébés fraîchement déballés. »
Depuis, les filles ont vieilli, elles ont eu des enfants, et le costume a éclaté, littéralement. « On a vécu une vraie crise identitaire, raconte Eugénie. On était attachées à ces costumes-là, c’était comme notre seconde peau, mais on n’était plus à l’aise dedans. Maintenant, on a une chienne de travail, mais on a aussi une gaine couleur peau qui fait office de burqa de chair, celle de la femme nue dans sa peau sociale, un peu comme Barbie peut être nue sans vraiment l’être. »
Au début, les performances des Fermières obsédées abordaient surtout les jeux de pouvoir au sein d’un petit groupe de filles : une contre trois, deux contre deux, les quatre ensemble. Elles se sont peu à peu affranchies de cet élan vers soi pour mieux embrasser les champs social et politique. « On s’est même permis la transgression ultime de s’incarner dans le masculin », rappelle Eugénie.
Tout comme les Femen ont fait de leur corps un outil de propagande, les Fermières bâtissent leurs performances en détournant les codes populaires pour les réinscrire à même leur corps. Là s’arrêtent pourtant les comparaisons, tempère Eugénie. Car les Fermières sont avant tout des artistes. Avec des idées à défendre, certes, mais surtout des visions à porter. « On travaille vraiment nos performances comme le feraient des peintres en atelier. On reste donc dans l’expérience visuelle, le message n’est pas tout, il en est la conséquence, pas la finalité », explique Eugénie.
Entre vanité et culte de la performance, leur dernière création, Les bulles explosives, plongera le public dans une mécanique complexe alliant plusieurs disciplines qui s’exprimeront à travers une succession de tableaux poétiques. « On monte toujours notre structure comme le ferait un compositeur, illustre Annie. On ajoute un à un les éléments, danse, geste, musique, tout ça fait très symphonique en fait. En même temps, on est aussi très près de la danse parce qu’on travaille avec le corps, qu’on colle au propos, au son, à l’image. »
Le résultat final sera décoiffant, « tripatoire » et rempli d’humour, promet Annie. « Je dirais à ceux qui ne nous connaissent pas de s’attendre à un grand chaos, mais organisé. Dans le lexique des Fermières obsédées, chaque geste est réglé comme du papier à musique. Mais entre chacun d’eux, on se garde toujours un espace de liberté. C’est un peu comme en jazz, où l’improvisation est permise et même encouragée tant que cette flexibilité reste contenue par un cadre. »
Formées aux arts visuels, Annie Baillargeon et Eugénie Cliche ont fondé les Fermières obsédées alors qu’elles étaient encore étudiantes. « Au début, ça nous choquait de voir qu’on nous accolait le titre de féministes, raconte Eugénie. Dans notre esprit, ça venait travestir notre démarche artistique. Nous, on présentait une œuvre, une prestation, et parce qu’on était des jeunes femmes, avec des thèmes qui nous touchaient nous, on concluait tout de suite à une démarche féministe. »
Le temps aidant, l’étiquette est devenue moins lourde à porter, poursuit Eugénie. « On s’est affranchies de cette peur-là, de cet agacement. Aujourd’hui, on assume pleinement cette part de nous-mêmes. » Les deux artistes ne nient d’ailleurs pas certaines parentés avec le mouvement Femen, né en Ukraine, en 2008. Tout comme les Femen, les Fermières travaillent en effet beaucoup sur l’endoctrinement, l’uniformisation et l’engagement des corps. « La conformité, on joue avec ça depuis toujours, confirme Annie. Au début, on s’habillait comme des écolières. Avec la jupe, la chemise blanche, les belles perruques, on avait l’air de bébés fraîchement déballés. »
Depuis, les filles ont vieilli, elles ont eu des enfants, et le costume a éclaté, littéralement. « On a vécu une vraie crise identitaire, raconte Eugénie. On était attachées à ces costumes-là, c’était comme notre seconde peau, mais on n’était plus à l’aise dedans. Maintenant, on a une chienne de travail, mais on a aussi une gaine couleur peau qui fait office de burqa de chair, celle de la femme nue dans sa peau sociale, un peu comme Barbie peut être nue sans vraiment l’être. »
Au début, les performances des Fermières obsédées abordaient surtout les jeux de pouvoir au sein d’un petit groupe de filles : une contre trois, deux contre deux, les quatre ensemble. Elles se sont peu à peu affranchies de cet élan vers soi pour mieux embrasser les champs social et politique. « On s’est même permis la transgression ultime de s’incarner dans le masculin », rappelle Eugénie.
Tout comme les Femen ont fait de leur corps un outil de propagande, les Fermières bâtissent leurs performances en détournant les codes populaires pour les réinscrire à même leur corps. Là s’arrêtent pourtant les comparaisons, tempère Eugénie. Car les Fermières sont avant tout des artistes. Avec des idées à défendre, certes, mais surtout des visions à porter. « On travaille vraiment nos performances comme le feraient des peintres en atelier. On reste donc dans l’expérience visuelle, le message n’est pas tout, il en est la conséquence, pas la finalité », explique Eugénie.
Entre vanité et culte de la performance, leur dernière création, Les bulles explosives, plongera le public dans une mécanique complexe alliant plusieurs disciplines qui s’exprimeront à travers une succession de tableaux poétiques. « On monte toujours notre structure comme le ferait un compositeur, illustre Annie. On ajoute un à un les éléments, danse, geste, musique, tout ça fait très symphonique en fait. En même temps, on est aussi très près de la danse parce qu’on travaille avec le corps, qu’on colle au propos, au son, à l’image. »
Le résultat final sera décoiffant, « tripatoire » et rempli d’humour, promet Annie. « Je dirais à ceux qui ne nous connaissent pas de s’attendre à un grand chaos, mais organisé. Dans le lexique des Fermières obsédées, chaque geste est réglé comme du papier à musique. Mais entre chacun d’eux, on se garde toujours un espace de liberté. C’est un peu comme en jazz, où l’improvisation est permise et même encouragée tant que cette flexibilité reste contenue par un cadre. »