Huit tableaux de Guido Molinari dérobés

Huit tableaux grand format du peintre abstractionniste italo-québécois Guido Molinari ont été dérobés entre le 16 et le 18 juillet, dans l’ancien atelier du peintre à Notre-Dame-de-la-Merci. Les voleurs se sont aussi emparés d’une grande quantité d’oeuvres sur papier peintes à la gouache et à l’encre, selon Guy Molinari, le fils du peintre décédé en 2004.

« Je suis entré à l’atelier dans la soirée de mercredi [dernier] et j’ai constaté que les portes de l’atelier étaient ouvertes. Des toiles ont été décrochées de leur cadre, d’autres ont été coupées », a-t-il raconté au Devoir.


Guy Molinari estime la valeur des grands formats à 800 000 $, somme confirmée par le directeur général de la Fondation Molinari, Gilles Daigneault. En entrevue téléphonique, celui-ci a paru bouleversé par ce qu’il considère comme une grande perte patrimoniale : « Quand on regarde l’histoire de l’art au Québec, on a Pellan, Borduas, et puis ensuite c’est Molinari. Il est un monument historique. »


Un total de 17 tableaux de 2,5 sur 2,5 mètres appartenant à Guy Molinari étaient entreposés dans un hangar situé à un demi-kilomètre de son domicile. Le fils du peintre avait décidé de ne pas assurer les oeuvres : « Au départ, la collection m’aurait coûté environ 50 millions de dollars à assurer. Aujourd’hui, avec ce que j’ai donné aux musées, ça me reviendrait peut-être à 2 millions. Je pensais que la taille des oeuvres les rendrait difficiles à voler », dit-il, tout en reconnaissant que des cambriolages sont fréquents dans les environs. Lui-même dit en avoir été victime il y a une dizaine d’années.


Selon lui, l’installation d’un système d’alarme aurait été inutile : « C’est une place reculée ici. La nuit, il y a une seule patrouille de la SQ, mais leur poste est à 70 kilomètres. Si les policiers sont occupés quelque part, on n’a aucune protection. »


Une décision déplorée par Gilles Daigneault : « Dans la mesure où on décide qu’on n’assure pas parce que c’est trop cher, ou bien on a un gros chien, ou bien on a un système d’alarme ! Ce qui est contestable, c’est de garder ça chez soi alors qu’il y a des entrepôts sensationnels à Montréal, où tout est assuré. »


À sa mort, Guido Molinari a légué 95 % de son travail à dix personnes de confiance qui ont créé la Fondation Molinari en 2005. Guy Molinari a hérité du 5 % restant et a bénéficié du premier choix dans la sélection des oeuvres. Celui-ci a été « très bien conseillé », selon Gilles Daigneault. L’héritier a offert plusieurs de ces chefs-d’oeuvre à des musées canadiens, états-uniens et français. « Mais le plus bel ensemble, c’est nous qui l’avons », assure le directeur de la fondation, qui devrait ouvrir ses portes au public d’ici la fin de 2012 pour présenter quelques centaines des peintures de l’artiste.


Aucune arrestation ni avancée concernant l’enquête n’avait été annoncée par la Sûreté du Québec hier en fin d’après-midi. Une ligne téléphonique est mise à la disposition de quiconque détiendrait des informations pouvant contribuer à élucider l’affaire.

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