Exposition - La bibliothèque de l'Université McGill rend hommage à David Hume

L'année 2011 marque le 300e anniversaire de la naissance du philosophe écossais David Hume (1711-1776). À cette occasion, le Département des livres rares et des collections spécialisées de la bibliothèque de l'Université McGill présente une exposition de certains trésors de sa collection Hume.
Dans son premier grand ouvrage, Traité sur la nature humaine, paru en 1739, Hume pose les bases d'une connaissance purement empirique de l'être humain: fondée d'abord sur la psychologie, cette approche allait ouvrir les voies de ce que l'histoire des idées reconnaît aujourd'hui comme le naturalisme, et pour une bonne part, dans le domaine de la connaissance, de l'empirisme. Hume a multiplié les essais inspirés par cette approche, qu'il s'agisse de questions morales ou encore de la religion. Son essai Histoire naturelle de la religion, qui date de 1757, sera suivi de Dialogues sur la religion naturelle, publié de manière posthume en 1779. Ce sujet n'est qu'un exemple de son projet de revoir l'histoire de la philosophie en se confiant aux seules lumières de la raison. On se souvient de la phrase de Kant exprimant sa reconnaissance à celui qui l'avait délivré de son «sommeil dogmatique».Préparée par Richard Virr, l'exposition Hume de l'Université McGill permet de voir des éditions rares des essais, mais aussi un ensemble de très belles éditions des travaux historiques du philosophe. Car celui-ci est l'auteur d'un nombre impressionnant de grands travaux sur l'histoire de l'Angleterre et de la France, pays où il avait étudié — au collège de La Flèche, comme René Descartes — et où il résida de 1763 à 1785, alors qu'il était secrétaire d'ambassade. Rapidement traduit en français par Jean Baptiste Suard, il rencontra Jean-Jacques Rousseau qu'il souhaitait inviter en Angleterre. Leur amitié fut l'occasion de disputes mémorables. Les revues françaises accueillirent Hume généreusement: par exemple, on trouve dans le Mercure de France 14 textes de lui, entre 1756 et 1760, comptant près de 200 pages. On peut aussi voir des éditions de sa volumineuse correspondance, notamment des lettres à la comtesse de Boufflers, dont l'original se trouve dans les collections de McGill.
Grâce à deux savants
Le développement de cette collection Hume est dû aux efforts de deux savants rattachés à McGill: d'abord Raymond Klibansky, qui découvrit par hasard une collection d'ouvrages ayant appartenu à Hume dans une armoire du Faculty Clud et qui entreprit de rassembler un premier fonds Hume. Intéressé en particulier par les lettres de Hume, il publia avec C. Mossner une édition importante d'une anthologie de sa correspondance en 1954.
Ensuite, David Fate Norton, qui favorisa plusieurs acquisitions importantes, notamment les ouvrages reliés à la controverse sur le théâtre, autour de la pièce d'un parent de Hume, Douglas, jouée en 1756. Hume avait soutenu son parent par la publication des Quatre Dissertations, en appui à l'art du théâtre. Parmi les livres les plus intéressants de cette exposition figure l'édition de l'autobiographie de Hume, publiée sous le titre The Life of David Hume, by Himself, publiée en 1777 et traduite par Suard en français sous le titre Ma vie, la même année. De beaux portraits gravés complètent ce choix de livres réunis pour commémorer le grand philosophe écossais. La collection Hume de McGill compte plus de 500 titres et est connue dans le monde entier; il ne reste aux Montréalais qu'à la découvrir.
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Collaborateur du Devoir