Un véritable supplément vitaminé

Image tirée de l’installation vidéo-performance Pièce-possession (Les Chambres baroques) de Julie Favreau
Photo: Image tirée de l’installation vidéo-performance Pièce-possession (Les Chambres baroques) de Julie Favreau

À peu près tous les événements officiels finissent par attirer leur contrepartie off. Celle de la Biennale de Montréal, qui a donné son coup d'envoi hier (voir la page-titre de notre cahier Culture), s'est annoncée sans tintamarre et par bribes, avec naturel et spontanéité. Pavilion Projects, structure temporaire et espace culturel nomade, en est l'instigateur, proposant, de ce fait, la première édition de l'Off Biennale de Montréal, l'OFF BNL MTL. Expositions en galerie et interventions ponctuelles dans la ville ou dans les lieux d'exposition en composent la programmation, aussi éclatée que rafraîchissante, qui prendra place au cours du mois de mai.

«Le tout a été monté en un mois et sans aucun financement, raconte la directrice de Pavilion Projects, Maryse Larivière, jointe par téléphone, mais l'idée a germé plus tôt, lorsque la Biennale de Montréal a annoncé son thème de la culture libre.» Pavilion Projects, qui orchestre depuis 2003 des projets en marge des lieux officiels, auteur également de la MTL ART MAP, s'est immédiatement reconnu dans l'esprit des pratiques que comptait privilégier la 6e édition de la Biennale. En faire partie ne semble pas leur avoir traversé l'esprit. Choisir, au contraire, la voie parallèle qui est la leur habituellement s'est imposée comme une évidence.

L'OFF BNL MTL bénéficie néanmoins d'un contexte bien en vue pour lancer ses activités. Il s'agit de la galerie Leonard & Bina Ellen où, à l'invitation de la directrice Michèle Thériault, Pavilion Projects présente l'exposition collective Faux cadavre, dont Robin Simpson est le commissaire. L'exposition réunit des univers aussi différents que ceux d'Olivier Choinière, de Mark-Antoine K. Phaneuf et de Julie Favreau, qui fera d'ailleurs une performance, aujourd'hui, lors de l'inauguration de l'événement.

Cette ouverture verra d'au-tres complices se manifester. «L'honorable» Emmanuel Galland prononcera un discours qui s'annonce à saveur fantaisiste. À titre de président d'honneur, le duo Cozic participera aussi à l'événement avec une performance de son cru. «L'invitation faite à Cozic est pour nous, explique Maryse Larivière, une manière de souligner son dynamisme, l'excellence de son travail et son importance pour la scène artistique à Montréal.»

Cozic représente aussi la dimension intergénérationnelle que l'événement cherche à mettre en avant pour son édition. C'est dans le même esprit que l'exposition de Serge Murphy à Optica s'inscrit dans le cadre de l'Off Biennale, qui s'est ainsi adjoint la contribution du centre d'artistes et de sa programmation régulière. C'est le cas également pour les galeries Donald Browne et ProjexMtl avec les expositions de Patrick Bernatchez et de Thomas Kneubühler.

D'autres projets ont été préparés sur mesure, notamment une performance de Raphaëlle de Groot à La Centrale ainsi que plusieurs interventions ponctuelles avec différents partenaires, témoignant du fait, précise Larivière, d'un possible «passage d'une communauté d'idée à une communauté d'action».

Par dissémination, Mathieu Beauséjour fera connaître son projet de cartes postales Crise/Cross. Il y aura, aux ateliers La Banque, rue Roy, la projection d'une vidéo de Carl Bouchard avec le lancement de sa publication intitulée Par défaut. Le dépanneur Le Pick-Up, commerce dont les activités sortent de l'ordinaire, sera quant à lui l'hôte d'un repas-projection avec les films Double brouillard et Neutrality Escape, de Pascal Grandmaison. Une installation de Stéphanie Chabot prendra aussi place au même endroit à compter du 14 mai.

Réseaux, échanges et collaborations de tout acabit semblent les mots d'ordre de cette OFF BNL MTL qui étend ses tentacules jusqu'à s'agglutiner un projet de l'OFFTA (L'off tempo, une programmation de vidéos d'art au Théâtre d'Aujourd'hui) et la deuxième édition de la Triennale québécoise du Musée d'art contemporain de Montréal... prévue en 2011! Si ce clin d'oeil n'est pas à prendre au sérieux, l'annonce de la participation en juin au projet Reverse Pedagogy à Venise, lors de la prestigieuse biennale, est, elle, avérée. Pavilion Projects y sera, en guise d'extension à sa programmation montréalaise, avec quelque vingt autres artistes dans le cadre d'une contribution de l'artiste ontarien Dean Baldwin.

Au square Cabot

Dare-Dare, autre organisme pour qui le thème de la culture libre résonne avec ses activités et sa structure, y va à lui seul d'une programmation événementielle réunissant 19 projets d'intervention artistique. Pour Douglas Scholes, un des coordonnateurs, l'enjeu d'un tel événement dépasse la simple biennale. «Par cette manifestation, nous voulons souligner notre arrivée encore récente dans le quartier, lieu où nous avons d'ailleurs amorcé le troisième volet de Dis/location: projet d'articulation urbaine. Il est important pour nous de nous arrimer au quartier et lui, en retour, nous accueille bien. Nous avons lié différents contacts et ententes avec les commerces et les organismes, comme le Forum et la bibliothèque Atwater.»

Ces lieux et le square Cabot, giron de Dare-Dare, seront le théâtre de manoeuvres, de performances, d'installations, de sculpture et de danse. Angela Silver, par exemple, procédera au détournement poétique de panneaux de signalisation tandis que le collectif O.D.N.I. invitera les quidams à le rejoindre dans une danse improvisée intégrant les gestes et les actions qui animent le territoire urbain. Fidèle à son désir d'échange et de réflexion, Dare-Dare annonce aussi des ateliers et des tables rondes. La participation étant de mise, toutes les activités sont accessibles à tous.

***

Collaboratrice du Devoir

***

- Le Projet Off-Biennale de Dare-Dare se déroulera au square Cabot et dans les en-

virons du 21 au 31 mai (www.dare-dare.org).

***

- L'OFF BNL MTL tient ses activités jusqu'au 30 mai et sera inaugurée aujourd'hui à 16h15 à la galerie Leonard & Bina Ellen (www.pavilionprojects.com).

À voir en vidéo