Art volé aux Juifs: conflit à Berlin au sujet d'une affiche avec Marlene Dietrich

Berlin — Un Américain, fils d'un collectionneur juif spolié par les nazis en 1937, demande à un musée berlinois de lui restituer une précieuse affiche de film de 1932 représentant une sculpturale Marlene Dietrich, a indiqué son avocat à l'AFP, hier.

Peter Sachs, 70 ans, qui vit en Floride, a porté plainte contre le Musée historique allemand pour demander la restitution de l'affiche du film La Vénus blonde, de Josef von Sternberg, dans lequel la star allemande d'avant-guerre donnait la réplique à Cary Grant, a expliqué Me Matthias Druba.

L'affiche fait partie d'une prestigieuse collection d'environ 4000 oeuvres d'art graphique, conservées depuis la guerre en RDA. Cette collection fait elle-même partie d'un ensemble de 12 000 affiches confisquées à l'époque du nazisme à Hans Sachs, le père de Peter.

Les avocats de Peter Sachs sont engagés depuis des années dans un bras de fer avec le musée pour tenter de récupérer cette collection, actuellement propriété de l'État allemand.

Mais ils ont décidé de concentrer pour l'heure leurs efforts juridiques sur la seule Vénus Blonde à cause du coût de la procédure, en espérant qu'une victoire sur ce front pourrait ensuite être étendue au reste de la collection.

Hans Sachs, dentiste juif berlinois, s'était exilé en 1938 aux États-Unis, où il est mort en 1974. Après la guerre, il avait longtemps cru sa collection disparue à jamais et avait accepté, en 1961, un dédommagement de 225 000 marks de l'époque (l'équivalent de plus de 500 000 euros d'aujourd'hui), versé par l'Allemagne de l'Ouest, peu de temps avant d'apprendre que 3500 affiches environ avaient refait surface dans l'Allemagne de l'Est communiste.

Le Musée historique allemand, où la collection est stockée dans les réserves, n'ayant jamais été présentée au public, considère que la question de la propriété de la collection a été définitivement réglée par l'accord conclu dans les années 1960 et accepté par M. Sachs père.

Mais le fils du collectionneur, qui souhaite que les oeuvres soient un jour visibles au grand public, fait valoir que son père avait accepté l'accord car il n'avait à l'époque aucun espoir de revoir la collection, alors «coincée» de l'autre côté du Rideau de fer.

La collection Sachs comporte, outre de nombreuses affiches de cinéma, des oeuvres de plusieurs grands noms de l'art de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, dont Käthe Kollwitz, Max Slevogt, ou encore Max Klinger, le «Rodin allemand» qui a également touché au graphisme et à la gravure.

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