Musées - Des vents du Sud et de l'Ouest soufflent sur les musées

En attendant un printemps à teneur événementielle, les musées cet hiver feront la part belle à l'art du Québec, du Canada et... de Cuba!
Après un automne, disons, sans éclat que la gratuité d'accès aux expositions semblait vouloir compenser, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) promet cette saison d'en mettre plein la vue. Avec ¡Cuba! Art et histoire de 1868 à nos jours, dès le 31 janvier, le musée joue fort. L'exposition offrira un panorama inédit de l'art cubain à travers quelque 400 oeuvres (peintures, photographies et installations, notamment). L'aventure s'avère colossale.Avec à sa tête la directrice du musée, Nathalie Bondil, l'expo d'envergure est portée par plusieurs conservateurs. L'art fort méconnu de cette île des Caraïbes, pourtant prisée par les vacanciers, fera l'objet d'une présentation historique, survol complexe marqué entre autres par la lutte pour l'indépendance, la révolution socialiste et l'actuelle incertitude sociopolitique. Le clou de cette exposition? Probablement la Murale du Salon de mai, une immense oeuvre de 1967 réalisée en collectif par une centaine d'artistes cubains et étrangers.
Le Musée d'art contemporain de Montréal (MACM) inaugurera sa programmation le 8 février avec trois nouvelles expositions, trois solos encore réservés à des figures masculines. Si cette récurrence soulève des questions, nul ne voudra bouder un menu qui s'annonce véritablement alléchant.
En plus de deux récents projets du photographe canadien de réputation internationale Arnaud Maggs, le MACM consacre une importante exposition au travail conceptuel et installatif de Geoffrey Farmer. Les oeuvres réunies, dont des inédites, couvriront les quinze dernières années de pratique de cet artiste de Vancouver dont le succès est grandissant.
Aux côtés de ces grosses pointures, le jeune Yannick Pouliot n'aura sans doute pas de mal à prendre sa place, lui qui, depuis la Manif d'art de Québec en 2003, ne cesse de surprendre. Très attendu, ce premier solo à Montréal réunira des nouvelles oeuvres (sculptures, installation, sérigraphie) «poursuivant une réflexion sur les univers domestiques».
En parallèle à ces trois expositions, il ne faudra pas manquer au MACM les projections de deux vidéos d'Artur Zmijewski. Les oeuvres de l'artiste polonais dérangent souvent, elles dont la facture documentaire s'élabore à partir de situations construites. Finalement, le musée poursuit son travail d'ouverture aux différents publics avec ses Nocturnes et son habituelle participation à la Nuit blanche dans le cadre du festival Montréal en lumière.
Ottawa et Québec
Une figure canadienne sera aussi à l'honneur à Ottawa au Musée national des beaux-arts du Canada, qui, entre autres choses, réserve sa programmation d'hiver à une importante exposition de l'oeuvre de Joe Fafard. Des premières caricatures jusqu'aux bronzes, plus célèbres, le musée dit couvrir pour une première fois toute l'étendue du travail de cet artiste de la Saskatchewan. En cours à partir du 1er février jusqu'au 4 mai 2008.
À Québec, dès le 14 février, le Musée national des beaux-arts (MNBAQ) prendra part aux festivités du 400e avec une exposition-hommage à 22 artistes qui ont eu des liens manifestes avec la ville entre 1670 et 1970. Dans une autre exposition, un pan important de la collection du musée sera montré avec des oeuvres des artistes de la communauté juive montréalaise des années 1930 et 1940. En avril, la collection sera également mise en valeur par Intrus/Intruders, projet qui inscrira de l'art actuel du Québec parmi les salles d'exposition permanentes. Un solo prometteur, celui du Montréalais John Heward, avec, à partir du 13 mars, une première rétrospective majeure de cet artiste connu pour ses abstractions picturales.
Le Musée d'art de Joliette confirme sa présence incontournable dans le circuit des musées. L'artiste de Toronto Ed Pien, qui travaille finement le dessin et le découpage sur papier, y aura sa première présentation muséale en solo avec des oeuvres récentes. Une vidéo de Bill Viola sera intégrée à l'exposition permanente d'art sacré, un mariage inspiré par l'oeuvre elle-même de l'artiste américain, qui explore souvent le thème spirituel et l'iconographie religieuse de l'art.
Le printemps aura son lot d'événements. Dans le cadre de la Manif d'art à Québec, le MNBAQ présentera dès le 24 avril une intervention de l'artiste multidisciplinaire Sylvie Cotton, choix fort à propos pour cette quatrième édition annoncée sur le thème de la rencontre.
À Montréal, c'est le MACM qui attirera surtout l'attention en inaugurant sa Triennale québécoise. Avec une sélection composée d'une trentaine d'artistes, il s'agira de la première édition de cet événement consacré aux pratiques locales et actuelles les plus significatives. La Triennale donnera son coup d'envoi le 24 mai, à peu près au même moment où l'IKT, une importante association internationale de commissaires et de conservateurs, tiendra son congrès annuel à Montréal. Parions que, parmi la communauté artistique, chacun voudra, et avec raison, profiter du passage de cette visite toute spéciale venue de l'étranger.
Collaboratrice du Devoir