Arts visuels - Promenons-nous dans les bois
Val-David — Un parcours d'une heure et plus en pleine forêt, des sentiers assurant notre confort, mais respectueux de la nature, des bancs invitant à la contemplation. Le Symposium d'art in situ, comme à chacune de ses éditions depuis 1995, ne peut que susciter de l'enchantement. Le site, aménagé au fil des ans par l'artiste René Derouin sur son propre (et vaste) domaine, est magnifique.
Neuvième en son genre, le Symposium 2007 a une valeur ajoutée: ses douze oeuvres ou, plutôt, leur cohérence. Soigneusement éparpillées, créées pour la plupart à même les matériaux trouvés sur place, les pièces semblent, chacune à son tour, circonscrire un territoire, thème cher à Derouin. Elles ne font pas que délimiter une surface, elles pointent un trait particulier de Dame Nature.Malgré un thème insignifiant (le voyage), malgré quelques propositions plus faibles, lourdes de leur multidisciplinarité (la poésie colle mal), l'ensemble tient. Les oeuvres, qu'elles soient politisées, à l'égard de la fragilité de l'écosystème, ou fabulations, parlent du possible mariage nature-culture.
En encerclant de pierres blanches les jeunes arbres ou les vieux troncs, la Mexicaine Yolanda Paulsen Quintana souligne l'inévitable cycle de la vie. L'intervention, toute discrète si ce n'est de ces hamacs parachutés, trop exotiques, ne colore pas moins l'endroit de belle manière.
À l'opposé, l'installation hautement verticale de Jérôme Fortin pourrait paraître démesurée. Pourtant, ses huit lits superposés modifient à peine le paysage. Mieux, ils mettent en évidence les accommodements très raisonnables et naturels des bois. Les quatre pilotis des lits sont en fait quatre arbres qui ont su cohabiter et, disons, garder distance. Ce n'est que l'oeil d'un artiste, celui-ci particulièrement réputé pour son attention au moindre détail, qui pouvait le remarquer.
Ce neuvième symposium clôt un cycle à la Fondation Derouin. Si tout se déroule comme prévu, la manifestation de 2009 ne sera plus commandée par René Derouin. Le remplacer risque de bousculer les choses.
«J'ai 72 ans, dit le futur ex-directeur général, je pourrais ne plus être là demain. Et je tiens à assurer la pérennité du Symposium. Je n'ai pas construit tout ça pour moi, mais pour les artistes, pour la région.»
Gratifié par le succès populaire, assuré de l'appui de la municipalité de Val-David, Derouin reste préoccupé par la fragilité financière de l'événement. Sa contribution, non rémunérée, assure-t-il, et ses investissements ne pourront être remplacés sans l'ajout de nouveaux fonds. Lui et sa femme auront assuré un quart de l'argent de source privée, soit 12 % du budget global. Il faudra peut-être revoir à la baisse la programmation, qui comprend cette année, outre l'expo en forêt, un forum (18 et 19 août) et une fête en guise de clôture sur la rivière du Nord.
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Collaborateur du Devoir
- 9e Symposium international d'art in situ
Fondation Derouin, 1303, montée Gagnon, Val-David, jusqu'au 3 septembre.