Exposition - Sur les traces des maîtres des plaines au Musée canadien des civilisations

Comment se compareraient les modes de vie des nomades qui habitaient autrefois les Grandes Plaines et les steppes eurasiennes? C'est la question que s'est posée la pédologue Elena Ponomarenko en constatant les similitudes qui existent entre les paysages des steppes de Russie et ceux des Prairies canadiennes.

Soupçonnant qu'une étude comparative des cultures anciennes de chacune de ces régions pourrait donner des résultats intéressants, elle a convaincu des chercheurs russes et canadiens de plonger dans cette aventure. Les archéologues, ethnologues et historiens participants ont analysé et comparé les modes de vie des peuples nomades sur une période de près de 5000 ans, qui se termine au moment où le nomadisme a été abandonné, il y a deux ou trois siècles. Six ans plus tard, le résultat de leurs recherches conjointes est actuellement présenté au Musée canadien des civilisations et sera ensuite exposé au musée régional de Samara, en Russie.

Plus de 400 artéfacts sont regroupés autour de thèmes comme les cérémonies sacrées, le commerce, la vie quotidienne, les soins aux enfants, la façon de voyager et les méthodes de guerre. Parmi les objets les plus intéressants, on remarque une faucille en bronze vieille de 4000 ans en provenance d'Eurasie et une pointe de lance de 3500 ans des Prairies.

À l'instar des chercheurs russes et canadiens, le visiteur découvre à la fois de grandes similitudes et de vastes différences entre les modes de vie des nomades qui peuplaient les grandes régions herbagères du Canada et de la Russie. Ainsi, les deux populations se déplaçaient selon les besoins alimentaires des animaux dont ils se nourrissaient, mais ces animaux étaient eux-mêmes fort différents: troupeaux domestiqués de moutons, de chèvres, de chevaux et de bétail pour les nomades d'Eurasie, troupeaux sauvages de bisons pour ceux des Plaines. Cette différence avait de grandes conséquences sur leur alimentation: pour les nomades des Plaines, l'aliment de base était la viande de bison, fraîche ou conservée, alors que les nomades des steppes se nourrissaient principalement de fromage, de yaourt et d'autres produits préparés avec le lait de leurs troupeaux.

Parallèlement, le visiteur attentif remarquera aussi que l'exposition Maîtres des plaines témoigne d'une très grande différence dans la manière de traiter les artéfacts au Canada et en Russie. Si près de la moitié d'entre eux proviennent de chaque pays, la Russie a fourni beaucoup plus d'artéfacts archéologiques que le Canada, qui présente surtout des objets ethnologiques. Cette différence est due à la politique de respect des cultures autochtones que pratiquent les musées canadiens, en vertu de laquelle la manière dont un artéfact est manipulé, la décision de l'exposer et la façon de le faire sont dictées par les croyances et coutumes du peuple dont provient l'objet en question. On ne s'embarrasse pas de telles considérations en Russie...

Collaboratrice du Devoir

- L'exposition Maîtres des plaines - Nomades anciens de la Russie et du Canada est à l'affiche jusqu'au 3 septembre 2007 au Musée canadien des civilisations, où on peut aussi encore voir l'exposition

Pétra - La cité perdue, à l'affiche jusqu'au 18 février 2007.

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