Premier guide historique de la photographie québécoise

Pour quelques sous, parfois quelques dollars, on peut encore acheter des photographies québécoises anciennes dans des marchés aux puces ou des ventes aux enchères. Faute de pouvoir les identifier ou à tout le moins les situer dans le temps, peu de gens semblent encore accorder une valeur particulière à ces clichés imprimés sur des cartes de visites, des plaques de métal ou du papier argentique sensible. Ces photos témoignent pourtant à la fois du passé d'une société et des capacités d'expression artistiques de ses premiers photographes. Mais encore faut-il apprendre à en mesurer l'intérêt.
Un collectionneur, Jean-Luc Allard, et son camarade généalogiste, Jacques Poitras, viennent de publier à compte d'auteur un premier guide des photographes québécois actifs entre 1839 et 1959. Cet ouvrage grand format aide à mieux situer ces documents uniques qui moisissent dans des sous-sol ou se dessèchent dans les greniers.Ouvrage de référence pour les amateurs et les collectionneurs, Les photographes québécois compte plus de 1000 entrées sur nos premiers magiciens de la lumière. On y présente plusieurs reproductions de travaux de photographe jusqu'ici à peu près inconnus. Cette première «liste officielle» de photographes de métier comprend en outre un DVD d'accompagnement. L'ensemble est présenté sous reliure cartonnée par les Éditions historiques et généalogiques Pépin (www.institutdrouin.com).
«Je collectionne des cartes postales depuis un vingtaine d'années, explique Jean-Luc Allard. Comme la photographie touche à la carte postale, je me suis mis à collectionner aussi les vieilles photos et à m'intéresser aux photographes.»
Quelques photographies présentées dans cette somme sont l'oeuvre de photographes très connus. Les clichés de la famille Livernois et du studio Notman ou encore les portraits de Gaby Desmarais se passent aisément de présentation puisqu'ils sont entrés dans l'histoire nationale d'un médium par ailleurs de plus en plus prisé de par le monde. Mais qui connaît le portrait délicat et sensible de deux jeunes garçons réalisé vers 1880 par Frank Orr, un photographe de Sawyerville dans les Cantons de l'Est, ou encore celui de ce fier cycliste à moustache signé Stanislas Daigneault, un portraitiste actif dans le premier quart du XXe siècle à Montréal? Que sait-on encore du travail de James Martin, «photographe du peuple», qui prit un jour de la fin du XIXe siècle ce portrait d'une vieille dame endeuillée digne d'un tableau des maîtres flamands? Il y a dans ces pionniers de la photographie d'ici tout un univers qui reste à découvrir.