Un Rembrandt à Lac-Mégantic

Après un Goya et un Renoir, un commissaire-priseur de Lac-Mégantic en rajoute en annonçant que dans deux semaines il offrira aux enchères un Rembrandt valant «entre 25 et 30 millions». La toile représentant un vieil homme appartient à une riche famille argentine.

«Le plus dur, c'est de trouver la première oeuvre de maître. Après ça va tout seul», dit M. Chalifoux, de la maison Encan Élisabeth. Au cours des dernières années, la maison a d'abord écoulé un Goya (100 000 $), puis un Vlaminck (172 500 $). L'hiver dernier, c'était au tour d'un Christ attribué à Sassoferrato (1,4 million) et d'un Renoir 315 000 $.

«Le Goya était très abîmé, commente le commissaire. Le Rembrandt, lui, est en bon état, même si la toile doit être nettoyée.» Il compte en tirer au moins dix millions. «Dans certains cercles, la réputation de notre maison s'étend maintenant à l'échelle mondiale.»

Selon le communiqué émis hier par l'entreprise estrienne, le Rembrand peint entre 1631 et 1633 a été offert par Napoléon III à Guiseppe Garibaldi qui l'a lui même transmis à l'un de ses fils, à la fin du XIXe siècle. La toile a finalement migré vers l'Argentine, avec un membre de cette célèbre famille. C'est de là qu'elle est parvenue à Lac Mégantic.

«C'est une famille très connue et très riche, dit M. Chalifoux. J'ai été contacté il y a un an. Les propriétaires doivent se départir du tableau à cause de la mauvaise conjoncture économique dans leur pays.» Le commissaire-priseur affirme que les Argentins ont été attirés par sa «garantie absolue» sur l'authenticité des pièces vendues et par ses pratiques commerciales «totalement transparentes». Contrairement aux maisons concurrentes, Encan Élisabeth annonce par exemple le prix de réserve (le prix minimum de vente) avant le début des enchères.

Quand même, cette histoire du Rembrandt de 30 millions est tellement trop féerique qu'on a le goût de ne pas y croire. M. Chalifoux réplique que les preuves sont là: il a vendu des oeuvres importantes; il n'a jamais été traîné en justice pour recel, ou vente de faux. Il refuse par contre de divulguer des informations supplémentaires permettant de remonter le conte à la source. Il ne veut pas non plus remettre de photo de l'oeuvre, pour l'instant sans titre, qui serait entrée au Canada il y a plusieurs semaines déjà.

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