Populaire Riopelle

Le dernier visiteur de l'exposition Riopelle qui s'est terminée le 29 septembre au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) a été compté comme étant le 110 428e à avoir franchi les portes de l'exposition. Y avait-il lieu de s'attendre à de meilleurs résultats pour cette présentation portée par le décès relativement récent de l'artiste? À bien y regarder, cette performance est satisfaisante.

Pour un artiste québécois d'un tel renom, qui vient tout juste de mourir, on se serait attendu à plus de visiteurs. Mais, selon Stéphane Aquin, conservateur à l'art contemporain du musée et responsable de la présentation Riopelle, cette performance est honorable. «Même le meilleur artiste local, rappelle M. Aquin, n'aura jamais le prestige ou le rayonnement d'un Picasso.» Cela dit, pour le conservateur, ces chiffres n'ont rien de décevant, ayant même dépassé légèrement les objectifs de fréquentation.

À tire de comparaison, l'autre grande exposition de l'été consacrée à un monument de l'histoire de l'art canadien, Tom Thompson au Musée des beaux-arts du Canada, a connu 105 390 entrées. Étant donné l'étendue du territoire et la renommée des deux artistes, le Riopelle montréalais est donc plus qu'à la hauteur.

Compte tenu de la chaleur de cet été qui, c'est connu, retient les gens d'aller au musée, sachant que les gens au Québec ont une relative connaissance de l'oeuvre et puisque l'exposition contenait essentiellement des oeuvres de la collection du musée, c'est-à-dire des oeuvres accessibles, M. Aquin considère que ces 110 000 entrées constituent une réussite.

Autre comparaison, la grande rétrospective Riopelle, dix ans plus tôt, qui avait duré moins de deux mois, entre le 26 novembre 1991 et le 19 janvier 1992, avait attiré 95 057 visiteurs. La rétrospective Borduas, au même endroit, en 1988, lors du quarantième anniversaire du Refus global, au pinacle donc du mythe Borduas, avait connu ses 97 000 et quelques visiteurs.

En raison de l'ampleur médiatique qu'a connue le décès de l'artiste, les obsèques nationales organisées pour l'occasion et parce que l'exposition avait profité d'un important battage publicitaire et d'une couverture médiatique soutenue et favorable, l'exposition n'aurait-elle pas dû connaître un engouement plus grand? «Dans un sens, ça dit qu'il y a eu une enflure du phénomène médiatique autour de la mort de Riopelle. Riopelle est un très grand artiste, mais là, on a vu qu'il prenait la dimension d'un mythe, d'une légende, je ne dirais pas qui n'était plus d'aucune commune mesure, mais d'une autre mesure que les médias cherchent à alimenter. On a vu le nom de Riopelle propulsé dans une dimension qui n'est pas la dimension habituelle des artistes.»

L'exposition Riopelle — la première exposition posthume consacrée à l'artiste — comptait près de quatre-vingts oeuvres du célèbre peintre québécois, des tableaux, des oeuvres sur papier et des sculptures. La présentation réunissait des oeuvres du Musée des beaux-arts et quelques numéros de la collection Power Corporation. Le MBAM avait profité l'an dernier, avec le Musée du Québec, d'une subvention spéciale du gouvernement québécois pour corriger un grave défaut de ses collections avec une vaste offensive d'achats d'oeuvres de l'artiste.

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