The Dears au Spectrum, mardi - Retour concluant!
Les Dears sont rentrés au bercail. Mardi, au Spectrum, la formation a décliné les plus beaux atours de sa musique pop, romantique et existentialiste. The Dears et son leader Murray Lightburn ont prouvé que les nombreux chemins de la tournée ont porté fruits. La formation montréalaise n'a jamais sonné plus solidement que maintenant et, à l'approche des sessions de studio qui mèneront à la sortie, en 2006, de la suite de No Cities Left, elle s'est montrée très à la hauteur de toutes les attentes placées en elle.
Après avoir été secouée par de nombreux changements de personnel, la troupe de Lightburn a enfin consolidé son noyau et les résultats sont probants. Dès les premiers accords de You and I, une inédite pour le public montréalais, les Dears ont montré que l'inspiration n'avait pas fait défection lors des longs mois de route. Puis, de Who are you, Defenders of the Universe?, jusqu'au seul rappel de la soirée, les Dears ont fait la preuve qu'ils avaient réussi à bâtir un univers sonore et visuel autour du monde un brin sentimental et torturé de Murray Lightburn, qui signe musiques et textes. C'est ce qui rassure le plus à voir et à entendre des versions plus nerveuses et plus resserrées de pièces comme We Can Have It ou encore la superbe Lost In The Plot. The Dears ont gagné au change et se sont assuré de donner de nouvelles poignées au public pour s'accrocher à leur musique.La manière de baigner toute la scène d'une lumière sursaturée donnait une présence accrue aux musiciens: Lightburn, qui n'a jamais semblé prendre autant de plaisir à se donner sur scène, sa compagne Natalia Yanchak aux claviers et au chant, Martin Pelland (basse), Valérie Jodoin-Keaton, George Donoso (batterie) et Patrick Krief aux guitares, particulièrement allumé ce soir-là.
Sauf erreur, la dernière fois que nous avions vu les Dears en concert remonte peut-être à quatre ans, au Cabaret. La formation d'alors était encore hésitante, cette époque est révolue. Elle a su depuis ouvrir l'intensité des humeurs véhiculées par la musique à des registres autres que le seul spleen dont est animé l'esprit du groupe, notamment par une énergie plus rock.
Quelques petites maladresses ont bien marqué la soirée, elles sont à mettre au compte de la fatigue, qui franchement se lisait sur le visage des musiciens de la bande. Les émotions qui doivent bien surgir à la fin d'une tournée aussi éreintante que celle qui se terminait avec ce concert ont dû jouer. La chaleureuse accolade que se sont donnée les musiciens à la fin du concert témoignait du sentiment justifié que la mission était accomplie.
Seul défaut, le concert de mardi aura été trop court, d'une longueur acceptable certes, mais tout de même trop court. Le groupe a fait ses valises après un seul rappel, terminant le concert de la même manière que les autres de la tournée, avec Heartless Romantic et ses accents à la Bowie, tirée de End of a Hollywood Bedtime Story. On se serait attendu à plus de générosité pour ce retour à la maison, mais les membres des Dears semblaient avoir besoin de recharger leurs batteries. La chose est compréhensible; ils ont donné beaucoup ce soir-là. Le premier grand chapitre de la carrière des Dears est écrit et la transformation augure pour le mieux.