Festival Juste pour rire - Spectacle ludique fort sympathique
C'est la forme autant que le thème qui fait de ce petit spectacle une manifestation fort sympathique. Cette forme adoptée par le duo Pierre Verville et Christopher Hall rappelle d'ailleurs celle des spectacles de l'époque du «stand up comic» qui a déjà fait les beaux jours de plusieurs cabarets montréalais. Sur la scène sans décor particulier du Studio Juste pour rire, on retrouve deux gars accompagnés par deux musiciens qui ponctuent les gags, point. Pas de paillettes, pas de lumières qui clignotent, pas d'effets. Monologues, dialogues ou chansons sont adressés directement aux spectateurs, qui se sentent donc immédiatement interpellés.
Le public assis autour de petites tables est forcément restreint, vu la taille réduite du Studio; une sensation d'intimité s'installe donc rapidement; les artistes sont si proches qu'on ne perd jamais de vue le détail de leur visage, où qu'on soit placé dans la salle. D'ailleurs, ce spectacle ludique pourrait pratiquement se dérouler sans micros qu'on n'en serait pas plus mal.Pierre Verville et Christopher Hall s'amusent aux dépens de leurs têtes de Turc favorites, les Paul Martin et Jean Charest au premier chef, et ne manquent pas de cuisiner à leur façon les témoins de l'enquête Gomery interrogés par le juge du même nom. Dans cette section du spectacle, les textes n'ont pas du tout besoin d'être retouchés par quiconque pour déclencher les rires. Contrairement à plusieurs humoristes, c'est sans méchanceté que ces deux-là égratignent leurs victimes, misant davantage sur l'esprit que sur l'intention de provoquer à outrance. À l'occasion, ils font une incursion dans la salle pour interagir avec le public.
De la présence de cette paire prometteuse se dégage un climat bon enfant qui permet aux deux humoristes d'être incisifs sans choquer le public; au contraire, ils visent plutôt à gagner sa sympathie et l'invitent à rire avec eux en toute simplicité. L'authenticité de Christopher Hall et de Pierre Verville, la complémentarité de leurs talents et l'absence de prétention qui sous-tend leur spectacle compensent largement l'économie des moyens mis en oeuvre.
Collaboratrice du Devoir