Le paradoxe Guy Nantel
Stand-up comique présenté à des critiques franchement tiédasses comme étant la révélation du Festival Juste pour rire en 1997, l'homme est de retour sur les planches cette année, à la Maison Théâtre jusqu'au 24 juillet, auréolé d'une réputation d'humoriste engagé dont le Québec, dit-on de plus en plus, serait en déficit. Un costume très grand dans le contexte humoristique actuel que l'ancien de la Course autour du monde — il en est sorti grand gagnant en 1994 — essaie tant bien que mal de porter et d'ajuster à sa taille.
Toujours est-il que, avec Les Vraies Affaires — c'est le titre de son spectacle —, Nantel affiche désormais ses couleurs: attaquer de front la rectitude politique, dénoncer les nombreuses incohérences qui rythment notre développement social, brasser les tabous portés par le «communautarisme», le féminisme, l'altermondialisme ou TVA (la liste n'est pas exhaustive) et s'interroger sur les dérives d'un univers médiatique dont la concentration serait, selon lui, inversement proportionnelle à la profondeur qu'il est capable de livrer. Qu'on se le dise!
L'entreprise — rafraîchissante, sur papier du moins — est périlleuse, et le résultat livré, au terme d'un spectacle visiblement bien rodé, n'arrive malheureusement pas à convaincre. Malgré les lueurs de génie qui émergent ici et là, et malgré aussi les talents certains de performer de ce trentenaire informé capable de captiver avec trois fois rien (un micro, une chaise, une boule de neige) un auditoire réceptif et hautement interactif.
N'empêche, à l'instar des manèges, la balade sur les montagnes de l'humour sent très vite le réchauffé, le déjà-vu, le déjà-lu, le déjà-entendu et surtout le déjà-croisé dans des soupers de famille, à la radio, dans les journaux ou sur Internet. En témoignent d'ailleurs ses commentaires sans nouveauté sur le 11 septembre, apparus dans la sphère publique un mois après les attentats, ou encore les perles de l'assurance, ces phrases mal construites par des clients pensant que la grammaire est une maladie, et qui atterrissent régulièrement dans nos boîtes de courriel sans plus vraiment engendrer de rictus tant elles sont éculées.
La commission Gomery, les squeegees, le racket des banques ou la surcharge fiscale des Québécois sont logés à la même enseigne, celle du convenu et du prévisible, contrairement aux écoles juives que Québec voulait financer pour des personnes dans le besoin «vivant bien souvent à Outremont ou Westmount», dit-il, ou encore des dérives de l'information spectacle que Nantel arrive étrangement à critiquer avec une intelligence qui gagnerait à prendre plus de place.
Mais le paradoxe semble bien ancré chez cet artiste en quête d'une personnalité publique depuis des années et qui conjugue son talent au temps du meilleur comme du pire. Faute d'exploiter à fond sa bonne dose de cynisme, son goût pour l'irrévérence et l'insolence, mais aussi ses habiletés à choquer, en les inscrivant davantage dans l'air du temps, afin de trouver une place que peu de monde essaie d'occuper en ce moment dans le monde de l'humour d'ici.
Toujours est-il que, avec Les Vraies Affaires — c'est le titre de son spectacle —, Nantel affiche désormais ses couleurs: attaquer de front la rectitude politique, dénoncer les nombreuses incohérences qui rythment notre développement social, brasser les tabous portés par le «communautarisme», le féminisme, l'altermondialisme ou TVA (la liste n'est pas exhaustive) et s'interroger sur les dérives d'un univers médiatique dont la concentration serait, selon lui, inversement proportionnelle à la profondeur qu'il est capable de livrer. Qu'on se le dise!
L'entreprise — rafraîchissante, sur papier du moins — est périlleuse, et le résultat livré, au terme d'un spectacle visiblement bien rodé, n'arrive malheureusement pas à convaincre. Malgré les lueurs de génie qui émergent ici et là, et malgré aussi les talents certains de performer de ce trentenaire informé capable de captiver avec trois fois rien (un micro, une chaise, une boule de neige) un auditoire réceptif et hautement interactif.
N'empêche, à l'instar des manèges, la balade sur les montagnes de l'humour sent très vite le réchauffé, le déjà-vu, le déjà-lu, le déjà-entendu et surtout le déjà-croisé dans des soupers de famille, à la radio, dans les journaux ou sur Internet. En témoignent d'ailleurs ses commentaires sans nouveauté sur le 11 septembre, apparus dans la sphère publique un mois après les attentats, ou encore les perles de l'assurance, ces phrases mal construites par des clients pensant que la grammaire est une maladie, et qui atterrissent régulièrement dans nos boîtes de courriel sans plus vraiment engendrer de rictus tant elles sont éculées.
La commission Gomery, les squeegees, le racket des banques ou la surcharge fiscale des Québécois sont logés à la même enseigne, celle du convenu et du prévisible, contrairement aux écoles juives que Québec voulait financer pour des personnes dans le besoin «vivant bien souvent à Outremont ou Westmount», dit-il, ou encore des dérives de l'information spectacle que Nantel arrive étrangement à critiquer avec une intelligence qui gagnerait à prendre plus de place.
Mais le paradoxe semble bien ancré chez cet artiste en quête d'une personnalité publique depuis des années et qui conjugue son talent au temps du meilleur comme du pire. Faute d'exploiter à fond sa bonne dose de cynisme, son goût pour l'irrévérence et l'insolence, mais aussi ses habiletés à choquer, en les inscrivant davantage dans l'air du temps, afin de trouver une place que peu de monde essaie d'occuper en ce moment dans le monde de l'humour d'ici.