Sugar Sammy, l’incarnation du Québec «bashing»

Les Québécois francophones sont une fois de plus la cible favorite de l’humoriste dans son nouveau spectacle «You’re gonna rire 2».
Photo: Eric Myre Les Québécois francophones sont une fois de plus la cible favorite de l’humoriste dans son nouveau spectacle «You’re gonna rire 2».

Sept ans après avoir quitté le Québec pour la France, Sugar Sammy est de retour avec son nouveau one-man-show You’re gonna rire 2, un second spectacle bilingue pour l’humoriste, qui a l’ambition de réconcilier « les deux solitudes ». Or, si telle est son intention, pourquoi toujours se moquer alors d’une seule d’entre elles ?

Sugar Sammy, qui se vante pourtant de rire de tout le monde dans ce spectacle, épargne dans les faits complètement les anglophones, qui représentaient environ la moitié du public qui s’était déplacé vendredi soir à la Salle Pierre-Mercure pour la première montréalaise. Eux ont la chance de s’éviter les pires stéréotypes à leur sujet. L’humoriste originaire de Côte-des-Neiges préfère s’acharner sur les Québécois francophones, vers qui sont dirigées presque toutes les blagues durant les premières minutes du spectacle. Sur scène, il se moque éhontément de leur mauvais français, de leur soi-disant repli sur soi, de leur manque de connaissances géographiques… Bref, tout revient toujours à dire que les Québécois sont les derniers des ignares.

Bien sûr, si on ne vaut pas une risée, on ne vaut pas grand-chose. Bien sûr, les Québécois ont des tares et les humoristes ont raison de les relever au grand jour pour s’en moquer. Sugar Sammy vise juste d’ailleurs lorsqu’il tourne en dérision la fausse bienveillance et le côté racoleur du show-business québécois, duquel il semble avoir pris ses distances, vu les blagues parfois assez grinçantes sur Martin Matte, Mike Ward, Jérémy Demay, Maripier Morin ou encore Marie-Mai.

Reste que la redondance finit tout de même par devenir lassante. D’autant plus qu’elle a un air de déjà-vu. Après un long exil, Sugar Sammy préfère servir du réchauffé à son public, plutôt que de se mettre à risque. Les têtes de Turc sont les mêmes que lorsque le grand public québécois l’a connu il y a une dizaine d’années : les députés péquistes, qu’il compare à des handicapés, les défenseurs du fait français, les chroniqueurs de l’empire Québecor. Si on enlève le racisme du Journal de Montréal, il ne reste plus que des publicités de piscine, ironise-t-il d’ailleurs, sous les applaudissements d’un public visiblement acquis à sa cause.

Cela dit, même les plus ardents nationalistes ne peuvent que reconnaître à Sugar Sammy une répartie à toute épreuve, un talent brut pour le stand-up. Véritable bête de scène, il se plaît encore une fois dans ce nouveau spectacle à interagir avec des personnes du public, ce qui lui permet au moins quelques fois de sortir des sentiers battus.
 

Interpellant les Français de France, il écorche leur accent pincé, qui leur donne des airs d’homosexuels, plaisante-t-il. Tombant dans un registre que n’aurait pas renié un Peter MacLeod au milieu des années 90, l’humoriste de 47 ans va même jusqu’à oser quelques blagues sur les femmes trans, pour qui il avoue n’éprouver aucun désir, ou encore sur les lesbiennes et les véganes, les seules à ne pas avoir d’autodérision, juge-t-il.

Non, Sugar Sammy ne gagnera pas un prix de la Fondation Émergence ou de la Fédération des Femmes du Québec avec You’re gonna rire 2. On aurait probablement jeté en pâture Guy Nantel pour moins que ça.

Sugar Sammy est en spectacle tout l’été à Montréal, en plus de quelques dates ailleurs au Québec avec You’re gonna rire 2.

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