Des mots pour créer des ponts
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Culture Montérégie
D’un bout à l’autre de la Montérégie, des conteurs, des poètes et des écrivains transforment le paysage intérieur de la région.
« La Montérégie est souvent perçue comme une extension de Montréal, mais nous avons envie d’être une région avec son identité propre », affirme Marie-Claude De Souza, directrice générale et artistique des Productions Langues pendues.
Ce n’est pas qu’un voeu pieux. Depuis 10 ans, son organisation rassemble plusieurs créateurs animés du même désir, cherchant à célébrer autant la parole des poètes que le geste des créateurs en arts visuels. Elle favorise aussi les échanges interrégionaux, comme avec les Îles-de-la-Madeleine où sont offertes des résidences de création pour les auteurs de la Montérégie.
Langues pendues est née dans la foulée d’une consultation sur la relève artistique dans la Ville de Longueuil. À défaut de voir des résultats concrets, un groupe de créateurs a voulu prendre les choses en main. « À l’époque, les artistes avaient le goût de collaborer, mais chacun était dans son réseau disciplinaire, surtout centré à Montréal, souligne Marie-Claude De Souza. D’où l’idée d’organiser des activités de réseautage, toutes disciplines et toutes générations confondues, pour faire naître plus de projets sur notre territoire. »
Se raconter de belles histoires
La géographie étendue de la Montérégie, Françoise Crête la connaît très bien, mais l’envisage comme un beau défi, déterminée à faire du festival Flots de paroles, dont elle la directrice, « un pôle incontournable pour la diffusion du conte au Québec ». Tout ça à partir de Verchères, « à 30 minutes du pont Jacques-Cartier », précise, avec le sourire, celle qui doit souvent expliquer aux Montréalais où se situe la charmante municipalité.
Cette célébration du conte, qui se déroule jusqu’au 28 mai, existe depuis 2019, d’abord née de manière impromptue pour recevoir trois conteurs français, amis de Françoise Crête, qui cherchaient d’autres occasions d’aller à la rencontre du public lors de leur passage au Québec. De ce ballon d’essai est né un festival, d’abord pour donner « la piqûre du conte », mais aussi pour atteindre un public allant jusqu’à Saint-Hyacinthe.
Plusieurs municipalités de la région ont mis la main à la pâte pour propager la richesse et la diversité du conte, aussi bien Varennes que Contrecoeur, offrant des spectacles tout en moussant la tenue de Flots de paroles. « Nous commençons à avoir un public fidèle, se réjouit Françoise Crête. Lors des premières éditions, beaucoup découvraient le conte ou ne connaissaient que Fred Pellerin. Cette année, nous offrons 16 événements avec 14 artistes qui font bien plus que raconter une histoire : créer un véritable partage avec les spectateurs. »
Cette ambition guide toutes les interventions des responsables des deux organisations. Pour Marie-Claude De Souza, affirmer la singularité culturelle de la Montérégie, ça se construit une initiative à la fois. « À Longueuil, les investissements culturels sont concentrés autour de la rue Saint-Charles et du Vieux-Longueuil. Sachant en plus que le transport en commun constitue un défi pour une partie de la population, nous avons loué un autobus de la Régie de transport de Longueuil pour se promener de quartier en quartier. » Le projet Centrifugeuse va ainsi se clore le 16 juin prochain, avec à son bord différents artistes.
Les Productions Langues pendues présentent aussi une installation sonore, Sédiment narratif, qui s’inscrit dans le cadre de la série Interventions poétiques, invitant le public à tendre l’oreille à l’ombre de la bibliothèque Raymond-Lévesque, à Longueuil. Le spectateur est ainsi convié à un temps d’arrêt pour s’imprégner de cette expérience conçue par La Quadrature, organisme qui se consacre au conte contemporain, et Audiotopie, coopérative spécialisée en oeuvres immersives.
Ces activités contribuent à solidifier le tissu social et à transformer des milieux qui, d’un point de vue extérieur, se résument trop vite à la banlieue. Pour son festival, Françoise Crête souhaite s’approprier encore plus les charmes de Verchères et ceux du fleuve : « Je rêve de marier chaloupe et conte, ou kayak et conte ! » Tout cela à travers un art que trop de gens identifient encore à l’enfance ou sont convaincus qu’il n’est contenu que dans les livres. Flots de paroles en illustre toute la diversité, incarnée cette année par François Lavallée, Isabelle Crépeau ou Michel Faubert, mais l’événement vise aussi à faire comprendre que « le conteur n’apprend rien par coeur, mais [que] tout passe par le coeur », résume Françoise Crête.
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.