Des expositions qui valent le détour en région

André Lavoie
Collaboration spéciale
Une vue de l'exposition Au fil des îles, archipels au Musée régional de Rimouski
Photo: Anthony François Une vue de l'exposition Au fil des îles, archipels au Musée régional de Rimouski

Ce texte fait partie du cahier spécial L'été des musées

Quatre musées à découvrir, ou à redécouvrir, pour des vacances réussies ou un week-end d’évasion.

Entre les activités sportives, la gastronomie et les spectacles en plein air, les arts visuels devraient absolument faire partie de tout bon programme riche et varié lorsqu’il est question de vacances estivales au Québec. Ce ne sont d’ailleurs pas les occasions qui manquent lorsque vous passez par quelques-unes des capitales régionales de la province, dont Sherbrooke, Joliette, Trois-Rivières et Rimouski. Petit tour d’horizon pour vous donner de multiples raisons de faire un saut dans leurs musées, et ainsi en prendre plein la vue.

Hommage au pouvoir symbolique des îles

Le Musée régional de Rimouski bénéficie d’un emplacement unique au coeur de cette ville du Bas-du-Fleuve, héritage de l’ancienne vocation du bâtiment, une église datant de 1824 consacrée à l’art et à la culture depuis 1972.

Que signifie l’insularité pour des artistes à l’identité métissée partageant leur existence et leurs souvenirs d’enfance entre le lieu d’origine et la terre d’accueil ? Et ce lien est-il encore plus fort lorsque l’on fait ses premiers pas sur une île ? Ces questions traversent l’exposition Au fil des îles, archipels (jusqu’au 10 septembre), finement tissées par les commissaires Analays Alvarez Hernandez et Raquel Cruz Crespo, Montréalaises d’adoption originaires d’une île célèbre entre toutes, celle de Cuba.

Elles ont convié six artistes (Cecilia Bracmort, Léuli Eshraghi, Patrick F. Henry, Kama La Mackerel, Yen-Chao Lin, Marigold Santos) dont la trajectoire de vie ressemble quelque peu à la leur. Ils ont des racines haïtiennes, caribéennes, australiennes, taïwanaises, françaises, et Montréal constitue l’un de leurs principaux points d’ancrage. Ces identités multiples, baignées d’eau douce ou salée, imprègnent subtilement leurs oeuvres, égratignant au passage le passé colonial qui a façonné les paysages et les destins de toutes ces îles.

Quand ça fait POP à Trois-Rivières

Établissement muséal qui distille un réel sentiment de joie, ravive de beaux souvenirs et ne craint jamais d’aller dans les directions les plus surprenantes, le Musée POP de Trois-Rivières poursuit sa mission en toute cohérence cet été.

Si Fred Pellerin a été depuis longtemps adopté par tout le Québec, et même au-delà de nos frontières, il n’en demeure pas moins « un p’tit gars de la Mauricie », et son imaginaire sera mis en lumière — littéralement — par l’artiste verrier François Fréchette. Dans l’exposition C’est la faute à Babine ! (du 16 juin au 1er octobre), la vie d’un des personnages les plus célèbres du conteur natif du mythique village de Saint-Élie-de-Caxton est revisitée à travers une série de vitraux ressemblant parfois à un diaporama, parfois à un chemin de croix. Car le pauvre Babine n’a jamais eu la partie facile dans les récits de Fred Pellerin, figure angélique célébrée pour sa naïveté de même que pour sa tendresse, une candeur dont son entourage se sert parfois comme une arme.

Un autre artiste conteur, celui-là décédé, prendra aussi place au musée. Le célèbre chantre de l’île d’Orléans, l’unique Félix Leclerc, voit une partie de son imaginaire foisonnant transformé dans Le bestiaire d’Allegro (du 8 juin au 17 septembre), une exposition parfaite pour petits et grands. Produit en collaboration avec la Société d’histoire du patrimoine et d’histoire de la Côte-de-Beaupré et de l’île d’Orléans, ce charmant parcours puise dans quelques-uns des plus célèbres ouvrages du grand Félix (Adagio, Allegro, Andante, Dialogues d’hommes et de bêtes) pour donner une nouvelle forme aux animaux qui les habitent. Voilà une bien jolie façon d’allier l’amour de la nature à celle de la littérature, particulièrement l’amour de l’auteur de Pieds nus dans l’aube.

Ce ne sont pas les seuls temps forts offerts par ce musée puisque les visiteurs de la Biennale internationale d’estampes contemporaines de Trois-Rivières ont tout intérêt à inclure l’exposition Résonance VI (du 17 juin au 10 septembre) dans leur parcours de découvertes. Trois artistes (Suzie Allen, Anne Billy, Gabriel Mondor) ont été invités à s’inspirer librement des oeuvres de leurs collections dans le cadre de cette exposition. Cette tradition estivale de dialogues artistiques remonte à 2014.

La perle de Lanaudière

Ne serait-ce que pour la singularité de ce lieu baigné de lumière et aux lignes épurées, une visite au Musée d’art de Joliette (MAJ) représente un incontournable lors d’un séjour dans la région. Le complexe a connu de multiples transformations au fil des décennies, et les derniers travaux effectués en 2015 présentent une enveloppe architecturale totalement renouvelée.

En plus de solliciter notre regard, l’exposition Retirez vos bouchons d’oreilles nous invite justement à tendre l’oreille pour mieux saisir la démarche de 22 artistes d’ici et d’ailleurs, dont Anna Holveck, Nik Forrest et Hanna Sybille Müller. Issus de tous les horizons créatifs, ils ont ici une mission bien spécifique : se laisser imprégner de trois termes musicaux de la compositrice américaine Pauline Oliveros et les prolonger dans différentes oeuvres de leur cru. Vidéos, sculptures, photographies, installations se déploient pour alimenter une réflexion sur l’importance de l’écoute et sur son pouvoir de transformation sociale autant qu’individuelle.

Originaire de Rimouski et installée à Montréal, l’artiste multidisciplinaire Anne-Marie Ouellet passe en quelque sorte l’été à Joliette avec l’exposition Cohésion. Une enquête sur le faire groupe. Elle rassemble différentes oeuvres conçues tout au long de ses 20 ans de carrière, l’espace collectif servant de fil conducteur à cet ensemble de morceaux choisis. Au centre de ses créations passées trône Cohésion, une installation performative qui interroge la manière d’être ensemble et de s’insérer dans des groupes liés par toutes sortes d’expériences ; le deuil, les soins, la solidarité devant l’adversité…

Toujours dans une perspective d’échanges et d’écoute, l’artiste et documentariste Iphigénie Marcoux-Fortier utilise sa caméra pour donner la parole à des femmes de différentes origines, toutes établies dans les zones rurales de Lanaudière. Dans une série de courts métrages coréalisés avec les protagonistes, Devenir chez-nous se présente comme une mosaïque de récits, de confidences et de confessions où forces et vulnérabilités cohabitent.

Ces trois expositions offertes par le MAJ seront ouvertes au public à partir du 11 juin jusqu’au 4 septembre.

Portraits et aspects des Cantons-de-l’Est

Fondé en 1982, installé dans l’ancien siège social d’une banque depuis 1996, le Musée des beaux-arts de Sherbrooke (MBAS) conserve précieusement une partie de la mémoire artistique des Cantons-de-l’Est. Il a aussi pour mission de dévoiler différentes facettes de ce magnifique coin de pays.

C’est un peu l’objectif à la base de Que serions-nous ?, d’Adèle Blais. Cette exposition présente le travail coloré et foisonnant de cette peintre et collagiste originaire de la région et qui revisite ici une partie des racines historiques des environs. Elle le fait en célébrant la contribution exceptionnelle de plusieurs femmes nées en Estrie et qui, plus tard, ont voulu changer le monde ou partir à sa conquête. Nous avons ainsi droit à une galerie de portraits à l’esthétique flamboyante, soulignant par exemple le courage de la militante et politicienne Thérèse Casgrain, la créativité d’Eva Tanguay, reine du vaudeville au début du XXe siècle, et l’esprit visionnaire d’Anna Canfield, fondatrice oubliée de la ville de Sherbrooke. Une façon originale de revoir certains pans de notre histoire.

En collaboration avec le Musée des métiers d’arts du Québec, le MBAS présente une rétrospective soulignant les 45 ans de carrière de Paulette-Marie Sauvé. Artiste-licière, elle puise à la fois dans les techniques anciennes et dans des approches plus contemporaines pour confectionner des tapisseries qui se présentent parfois comme de véritables pages d’histoire aux couleurs chatoyantes. Car si elle sait mettre en valeur le patrimoine bâti de villes comme Montréal (le pont Jacques-Cartier) et Toronto, elle s’inspire aussi des charmes bucoliques de la Montérégie, là où habite cette artiste originaire de North Bay, en Ontario.
Ces deux expositions vedettes du MBAS sont déjà à l’affiche et y demeureront jusqu’au 3 septembre.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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