«Complosphère» et plusieurs anglicismes bientôt dans «Le Petit Robert»
Plusieurs anglicismes feront leur entrée cette année dans Le Petit Robert. La pandémie, les nouvelles technologies et la crise environnementale ont aussi inspiré l’ajout de nouveaux termes au dictionnaire de la langue française, où l’écrivain québécois David Goudreault fera par ailleurs son entrée.
Une cinquantaine de mots et de locutions feront leur apparition dans l’édition 2024 du Petit Robert de la langue française, qui sera publiée à la mi-juin. Le Devoir a eu accès sous embargo à cette liste, rendue publique mardi.
Après le controversé pronom non binaire « iel », immortalisé dans l’édition papier du dictionnaire l’an dernier, plusieurs anglicismes feront leur entrée cet été dans l’ouvrage, en vente pour une somme frisant la centaine de dollars. Parmi ceux-ci, on compte le verbe « ghoster », généralement utilisé lorsqu’une personne rompt soudainement tout contact avec une autre sans fournir d’explications, généralement dans le contexte d’une relation amoureuse.
Dans la même veine, le nom « crush », repris de façon intégrale de la langue de Shakespeare, s’ajoute au Petit Robert pour décrire une personne pour laquelle on a eu un coup de foudre. Ainsi, un étudiant pourra bientôt écrire dans un examen ministériel de français qu’il s’est fait « ghoster » par son « crush » sans commettre une entorse à la langue française.
Le Petit Robert va d’ailleurs plus loin en ajoutant le verbe « bader » dans ses pages, en référence à l’expression anglaise « bad trip ». Il sera ainsi possible d’écrire, par exemple : « J’ai badé en regardant ce film d’horreur. » Parlant de films, l’expression « spoiler » fera aussi son entrée dans le dictionnaire.
La pandémie, qui a contribué à l’épanouissement d’une série de théories farfelues, semble pour sa part avoir entraîné l’ajout du terme « complosphère » dans les pages du dictionnaire. Ce nom vise à définir l’ensemble des personnes « qui participent à la diffusion d’idées jugées complotistes sur Internet ».
Le Petit Robert ajoutera également dans ses pages le terme « hybride », rendu usuel pendant la crise sanitaire, notamment pour définir un mode de travail partagé entre la maison et le bureau.
Nouvelles technologies
Le bon vieux dictionnaire, né en 1951, se mettra par ailleurs au goût du jour en intégrant plusieurs termes inspirés de la révolution numérique en cours, mais aussi de la popularité grandissante des cryptomonnaies.
L’anglicisme « métavers » fait ainsi son entrée dans le dictionnaire, tout comme le terme « crypto-art » et le nom « moissonnage », qui renvoie à la collecte automatisée de données sur Internet — ou encore à la récolte de céréales dans un champ.
En outre, la disquette, jadis utilisée pour emmagasiner des données informatiques, se renouvellera sous la forme d’une nouvelle expression utilisée principalement par les membres de la génération Z… qui n’ont pourtant pas connu cette technologie désuète. Ainsi, le nom « disquette » fera bientôt référence à une « phrase, formule flatteuse, souvent lourde, destinée à séduire quelqu’un ».
Les termes « biocombustible », « dette climatique » et « microplastique » s’ajouteront au dictionnaire de la langue française, au moment où la crise environnementale contribue à l’émergence de nombreux néologismes. Ce sera aussi le cas de l’expression « stationnement incitatif », cet endroit où les automobilistes sont invités à garer leur véhicule avant d’emprunter le transport en commun.
Charles III et David Goudreault
Le Petit Robert ajoutera à sa prochaine édition plusieurs noms propres, dont celui du roi Charles III, couronné en grande pompe à Londres samedi. Même chose pour le groupe paramilitaire russe Wagner et le militant politique biélorusse Alès Bialiatski, qui a reçu le prix Nobel de la paix l’an dernier.
Âgé de 42 ans, l’écrivain québécois David Goudreault entrera lui aussi dans les pages du célèbre dictionnaire, où il sera notamment salué pour sa trilogie La bête et ses nombreux spectacles et poèmes faisant l’éloge de la protection de la langue française.